Le déroulement de la prochaine guerre

Publié le par Ofek

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Vendredi dernier, l’analyste militaire du ‘Haaretz’, Zeev Schiff, a accusé les gouvernements Barak et Sharon de porter la responsabilité de la guerre de l’été dernier. Comme Schiff le formule, depuis le retrait de Tsahal du sud-Liban en mai 2000, « un système menaçant [comprenant le Hezbollah, la Syrie et l’Iran] s’est dressé sur la frontière Nord d’Israël, qui nécessitait une frappe préventive. La répulsion à mener une telle frappe a finalement provoqué la guerre ».
 
L’analyse de Schiff  est correcte, mais, comme elle s’arrête avant de tirer les leçons des dangers présents, elle est largement inutile. Aujourd’hui, du fait de l’échec du gouvernement Olmert-Livni-Peretz, lors de la récente guerre, nous nous trouvons au seuil de la prochaine.
Et lors de cette guerre-là, le principal ennemi sera la Syrie, qui combattra en coordination avec le Hezbollah et les Palestiniens, sous la conduite de l’Iran.
 
La Syrie s’est ouvertement préparée à la guerre depuis l’été dernier. Durant la seule semaine passée, les Syriens ont annoncé, par deux fois, leur intention d’attaquer Israël.
Lundi, le ministre syrien de la propagande, Mohsen Bilal, a menacé, si Israël n’exécute pas pleinement le plan arabe qui appelle à son retrait sur les lignes d’armistice de 1949 et à son acceptation des millions d’immigrants arabes, la Syrie fera la guerre.
Mercredi dernier, le dictateur syrien, Bashar Assad, a déclaré : « Nous nous préparons toujours. Israël est un ennemi virulent. Nous n’avons rien eu d’autre de sa part que du mal ».
 
Une stratégie politique israélienne constructive pour faire face à la Syrie doit être fondée sur une compréhension claire à la fois des intérêts syriens et des nôtres.
D’abord, il y a les préparatifs de guerre syriens. Beaucoup relèvent avec optimisme que la Syrie n’a pas placé ses tanks sur la frontière. Mais pourquoi l’aurait-elle fait ?
La Syrie n’a pas l’intention de mener une guerre conventionnelle contre Israël. La guerre que la Syrie prépare comportera de plus grandes similitudes avec l’insurrection en Irak et la guerre du Hezbollah l’été dernier, qu’avec les précédentes guerres de la Syrie contre Israël.
Au milieu de la guerre de l’été dernier, Assad a annoncé la formation d’une nouvelle force terroriste chargée d’infiltrer et d’attaquer des cibles sur les Hauteurs du Golan. L’ordre de bataille syrien comprend aussi une division commando hautement entraînée ; une force d’artillerie massive capable d’infliger des ravages sur les Hauteurs du Golan et la Galilée ; des missiles balistiques Scud avec des portées couvrant la totalité d’Israël ; et des ogives chimiques pouvant être adaptées aux Scuds.
 
Cette semaine, la chaîne NBC a diffusé un reportage satellite concernant trois installations renforcées de missiles syriens en dehors de Homs et de Hama. La Syrie se propose de saigner Israël pour forcer Israël à consentir des concessions politiques.
La Syrie a de bonnes raisons de faire la guerre à Israël. Son départ forcé du Liban, en 2005, a humilié et affaibli le régime, aussi bien politiquement qu’économiquement. Le régime considère un succès sur les Hauteurs du Golan comme une manière de maquiller cette honte.
De plus, les succès du Hezbollah lors de la guerre de l’été dernier mettent la Syrie au défi de démontrer qu’elle aussi peut humilier Israël.  Il faut également noter que le 11 juin marquera le quarantième anniversaire de la libération des Hauteurs du Golan par Israël.
 
Plutôt que de faire face au défi syrien, le gouvernement Olmert-Livni-Peretz a choisi de l’ignorer. Lors de sa comparution devant la Commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, mercredi, le Premier Ministre Ehud Olmert a déclaré : « Nous n’avons pas l’intention d’attaquer la Syrie ».
Il a ajouté :
« L’évaluation de tous les organismes de renseignement d’Israël est que la Syrie se déploie de façon défensive, dans un scénario d’une attaque contre eux. Mais nous nous préparons aussi pour une situation où nous serions surpris ».
 
L’essentiel de ce qui ressort des déclarations d’Olmert est qu’il ne veut pas décider comment traiter la menace syrienne. Il préfèrerait être « surpris » par les Syriens plutôt que d’empêcher des surprises en bâtissant une stratégie politique israélienne qui défendrait les intérêts d’Israël et empêcherait une agression syrienne.
 
La gauche israélienne maintient que la seule manière d’éviter la guerre est d’entrer en pourparlers de paix avec la Syrie, qui conduiront à un retrait israélien des Hauteurs du Golan. Mais l’ancien conseiller à la sécurité nationale, le Major Général (CR) Giora Eiland, a expliqué, lors d’une conférence récente au Jerusalem Center for Public Affairs, que, dans les conditions actuelles, à l’inverse des affirmations de la gauche, un retrait israélien des Hauteurs du Golan, même en échange d’un traité de paix, augmenterait le risque de conflit avec la Syrie, et diminuerait les chances d’Israël de gagner la guerre. La Syrie aurait peu de raison de se plier à l’accord après un retrait israélien, et Israël ne disposerait pas du soutien international pour faire appliquer l’accord, après sa transgression par la Syrie.
Plutôt que de céder à l’avance, les objectifs stratégiques d’Israël doivent être de diminuer la capacité syrienne de lui nuire, et de modifier l’évaluation par le régime syrien de l’attrait d’une attaque contre Israël.
 
Tout plan visant à réduire la capacité d’agression de la Syrie contre Israël doit commencer convenablement avec l’analyse de Schiff à propos de la guerre de l’été dernier au Liban.
Etant donnée la nature de la menace croissante, il est pertinent d’envisager une frappe préventive sur les camps d’entraînement terroristes de Syrie, ses sites de missiles et ses bases d’artillerie. Des frappes aériennes ont des résultats limités contre des cibles renforcées, et elles ont prêté le flanc aux propagandistes anti-israéliens dans la guerre des médias.
 
Modifier l’analyse "coût–bénéfice", par la Syrie, de la guerre contre Israël implique d’aller au-delà du domaine de l’armée. Pour avoir un impact sur la boucle de prise de décision de la Syrie, Israël doit aussi envisager les réalités économiques et politiques auxquelles le régime Assad fait face.
La Syrie est l’exemple d’un bazar économique. Dans une étude de l’économie syrienne publiée cette semaine, MEMRI [Institut de Recherche sur les Médias du Moyen-Orient] a noté que, depuis l’invasion de l’Irak, menée par les Etats-Unis, un million d’Irakiens se sont enfuis en Syrie. Plutôt que de stimuler la croissance économique, du fait de la corruption et de l’incompétence économique du régime, l’afflux de population a seulement provoqué une inflation massive.
A côté de cela, les revenus pétroliers de la Syrie sont en baisse croissante. Les sanctions économiques des USA et de l’UE, décidées ces dernières années, ont rendu impossibles l’obtention de crédits financiers par la Syrie, ou la croissance de son commerce international. A ce jour, le régime peut à peine fournir les services de base à la population.
La faiblesse économique de la Syrie mine la stabilité politique du régime. Un autre facteur qui menace cette stabilité, c’est la minorité kurde rétive, au nord-est de la Syrie. Les Kurdes, qui représentent 20 % de la population totale de la Syrie, ont déjà fomenté un soulèvement contre le régime en mai 2004.
Aujourd’hui, les Kurdes d’Irak appellent leurs frères de Syrie en Irak à œuvrer pour faire valoir leurs droits. Comme les Kurdes irakiens, les Kurdes syriens, qui ont de bonnes relations avec leurs compatriotes arabes, n’exigent pas l’indépendance. Ils cherchent plutôt à transformer l’Etat centralisé totalitaire, qu’est la Syrie, en une démocratie fédérale.
Il y a deux semaines, une conférence réunissant des Kurdes irakiens, syriens, turcs et iraniens, s’est tenue à Irbil. Massoud Barzani, le président du Kurdistan irakien, a énoncé la vision kurde d’Israël dans un entretien avec Al Arabya, en ces termes : « Si l’Irak établit des relations avec Israël, nous ferons de même publiquement. Il n’y a pas de raison que ces relations demeurent secrètes, parce que nous n’avons ni peur ni honte de ces relations ».
Barzani a accusé les Iraniens, le Hezbollah et les Palestiniens de soutenir la destruction d’Israël. Et d’expliquer : « Je suis opposé à jeter Israël à la mer… Cette politique est mauvaise, illogique et déraisonnable. Pourquoi annihiler un peuple ? ».
Sherkoh Abbas, qui dirige l’Assemblée Nationale du Kurdistan syrien depuis sa résidence aux Etats-Unis, participait à la conférence.
Lors d’une récente conversation, il a expliqué : « La plupart des Kurdes syriens… partagent l’opinion du Président Barzani. En tant que Kurdes, nous pouvons déclarer que nous n’avons pas de problème avec Israël : de fait, nous sommes opposés au désir du parti Ba’ath, des Frères Musulmans, ou des terroristes, de détruire Israël… Les Kurdes n’ont pas souffert des mains des Israéliens ou des juifs. Toutes, ou la plupart de leurs souffrances ont été provoquées par les Arabes, les Perses et les Turcs. En Syrie, le régime du Ba’ath a arabisé la région kurde, dépouillé de force 300 000 Kurdes de leur citoyenneté syrienne, et tué beaucoup de Kurdes. Nous ne voulons pas combattre pour le régime syrien ».
 
La volonté des Kurdes de remplacer le régime actuel par un gouvernement démocratique fédéral est soutenue par le Parti Syrien de la Réforme  [PSR], groupe d’exilés ayant des liens puissants avec la population de Syrie. Farid Ghadry, Syrien exilé à Washington, qui dirige ce Parti, croit que le plan fédéral kurde est le meilleur moyen d’apporter la liberté en Syrie.
Les intérêts des Kurdes et des autres opposants au régime sont au diapason des intérêts d’Israël, sur de nombreux points.
D’abord, Israël retirera un grand bénéfice s’ils atteignent leur objectif de démocratiser la Syrie et de protéger les droits de la minorité par une autorité décentralisée, tout en maintenant l’intégrité territoriale du pays.
 
Les gouvernements centralisés à travers le monde arabe sont les premiers à fulminer des propos haineux à l’égard d’Israël. Ces régimes ont besoin d’une batterie constante d’incitation à la haine contre Israël, pour détourner l’attention de leur peuple de leur incapacité à leur apporter les services essentiels.
 
Beaucoup, en Israël, craignent qu’en cas de renversement du régime d’Assad, il sera remplacé par les Frères Musulmans. Cette appréhension est justifiée car, depuis 30 ans, les Baathistes assurent que les Frères Musulmans sont la seule autre force politique du pays disposant de moyens financiers et organisationnels. Mais même ainsi, renforcer les Kurdes – qui s’opposent au djihad – contrebalancera les Frères Musulmans, que le régime tombe ou non.
 
La Turquie craint aussi le séparatisme kurde. Mais le soutien israélien pour l’avancement des droits légitimes des Kurdes syriens à travers la culture du fédéralisme démocratique plutôt que la sécession, ne devrait pas concerner Ankara.
 
L’une des raisons pour laquelle le gouvernement Olmert-Livni-Peretz prend le « plan de paix » arabe au sérieux, en dépit du fait qu’il est intrinsèquement hostile à Israël, c’est parce que le gouvernement cherche désespérément des alliés contre l’axe Iran – Syrie – Hezbollah.
Le malheur avec cette manœuvre, c’est que les pays sunnites impliqués dans l’initiative agissent comme le réseau de soutien de l’axe Iran – Syrie – Liban – Palestinien contre Israël.
Les Saoudiens et leurs collègues n’ont aucun intérêt à aider Israël.
 
Par contraste, les Kurdes sont des alliés naturels d’Israël, avec des intérêts et des valeurs communes. Ils seraient satisfaits de bénéficier des médias et du soutien financier israéliens.
Et, en même temps qu'Israël contribuerait à diffuser une télévision et une radio en langue kurde vers la Syrie, il fournirait aussi aux Kurdes des armes pour se défendre contre une agression syrienne.
 
Cette situation pourrait modifier l’analyse syrienne du rapport coût-bénéfice d’une guerre contre Israël. Même si les Syriens ouvrent les hostilités, armer les Kurdes brouillerait probablement les pistes d’une manière qui pourrait sérieusement nuire à la capacité syrienne de faire la guerre.
 
Avec quel succès la Syrie ferait-elle face à Tsahal, si elle devait simultanément s’efforcer de réduire une rébellion populaire ? Et combien de temps le régime survivrait-il, à la suite d’une telle guerre ?
Etudier les guerres du passé est toujours valable. Mais aujourd’hui, nous devons préparer la suivante.
 
Il existe une stratégie israélienne pour la victoire. Si nous menons une frappe militaire qui diminue la capacité syrienne de nous nuire, tout en affaiblissant économiquement le régime et en continuant de soutenir politiquement une large minorité opprimée, favorable à Israël, peut-être pourrons-nous éviter totalement la guerre.
 
Et en dernière extrémité, si la guerre survient, nous vaincrons.
 
Caroline B. Glick - Jewish World Review [Texte aimablement transmis par Georges Brandstatter.], Adaptation française de Sentinelle 5767, sur : http://www.upjf.org/actualitees-upjf/article-12645-145-7-deroulement-prochaine-guerre-caroline-b-glick.html

Publié dans Israël

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