Le déshonneur et le bonnet d'âne

Publié le par Ofek

 
Un maire socialiste du Val d’Oise a tenu dans l’hebdomadaire Le Point,  le 6 décembre dernier, des propos surprenants sur ce qu’il est convenu d’appeler « la politique de la ville ».
Le mieux est de les citer tels quels : « Pendant vingt ans », dit le magistrat, « ma commune a reçu des subventions pour soutenir le travail des associations ou pour aider l’emploi, mais en 2002, quand Jean-Louis Borloo est arrivé au ministère de la Ville et de la Rénovation urbaine, il a fait une croix sur tout ça. L’argent est allé au logement et au système éducatif. Les associations se sont retrouvées asséchées. »

A première vue, ce reproche est incompréhensible. Le logement et l’éducation ne sont-ils pas des priorités absolues ? Comment le maire peut-il tenir rigueur au ministre de les avoir prises en considération ?  Il le fait pourtant. Et d’une certaine façon, il a raison. En homme de terrain, il sait en effet qu’on ne fait pas régner l’ordre en améliorant les conditions de vie de ses administrés, mais en s’assurant le soutien des divers réseaux communautaires, religieux ou professionnels, qui les encadrent : c’est à dire des fameuses « associations ». Cela ne se dit pas, en général. Mais c’est le secret de Polichinelle.

Ce qui est vrai du Val d’Oise l’est aussi du tiers-monde et singulièrement du Proche et du Moyen-Orient. Il est question, là aussi, d’une aide économique, d’un « nouveau plan Marshall »,  qui permettrait à ces régions de « décoller ». Les Etats-Unis avaient lancé cette idée pour le Proche-Orient à la conférence de Madrid, en 1991. L’Union européenne l’a reprise à son compte en 1994, dans le cadre du « processus de Barcelone ».
La France propose aujourd’hui une troisième variante : l’Union méditerranéenne. Mais au-delà des propos officiels, chacun sait que les crédits destinés au développement finissent entre les mains des féodaux locaux. Et tel est bien le but véritable de l’opération : payer ceux qui maintiennent un minimum de paix et d’ordre. Ou qui passent pour le faire.

Bien entendu, ce calcul n’a de sens qu’à court ou moyen terme. A long terme, il se retourne contre ceux qui s’y complaisent.
Une banlieue sans habitations décentes ni écoles dignes de ce nom finit par flamber. Et les chiens de berger auxquels on a cru pouvoir abandonner le tiers-monde se révèlent un jour pour les loups qu’ils n’ont jamais cessé d’être.

La France va accueillir le 17 décembre une conférence internationale pour l’aide économique aux Territoires palestiniens. Quatre-vingt-dix délégations sont attendues.
Le but, selon le Quai d’Orsay, est « d’aider l’Autorité palestinienne à se doter des capacités de construire un Etat viable ». Notez bien la progression : aider, se doter, capacités de construire, Etat viable. Cela ressemble beaucoup au rocher de Sisyphe. Ou à la tapisserie de Pénélope.

Voici presque quinze ans que les accords d’Oslo ont été signés, quatorze ans que l’Autorité palestinienne est en place.
On en est pourtant toujours à aider à se doter des conditions de construire quelque chose de viable. Pendant le même laps de temps, la Catalogne est devenue un Etat quasi-indépendant et l’une des régions les plus riches d’Europe, l’Irlande a rattrapé la Grande-Bretagne, la Chine est passée du XVe siècle au XXIe, l’Inde a émergé. Cherchez l’erreur.

L’erreur, c’est que depuis 1993, on a méprisé le peuple palestinien et on lui a préféré les pirates de la soi-disant Organisation de libération de la Palestine. Et que ceux-ci, selon leur logique de pirates non repentis, n’ont pas construit une Catalogne autonome palestinienne, en attendant une Catalogne indépendante, mais transformé les Territoires palestiniens en base barbaresque.
Imaginons qu’en 1945 on ait méprisé le peuple allemand et traité avec les "modérés" issus du IIIe Reich, comme certains le souhaitaient. Aurions-nous eu depuis soixante-trois ans la paix en Europe ? Telle fut l’erreur fatale – je pèse mes mots - commise par Yitzhak Rabin et Shimon Peres - et aussitôt endossée par un Occident englué dans ses proches lâchetés.

Il y a, dans l’Autorité palestinienne actuelle, un homme honorable qui n’y a rien à faire : le premier ministre Salim al-Fayyed. Les autres, à commencer par le président Mahmoud Abbas, furent des hommes-liges d’Arafat, loup travesti en berger par la grâce d’Israéliens égarés.
Vous voulez la paix au Moyen-Orient ? Exigez l’épuration, comme en 1945 après la chute du Reich de mille ans. Ou si le mot vous paraît trop fort, la lustration, comme en République tchèque après 1991.
 
Sinon vous aurez la guerre, le déshonneur et - en prime - le bonnet d’âne.
 
 
Qui est rationnel ?
 
Israël n’est que le dernier exemple de gouvernement dans le monde libre qui, hélas, partage une maladie fréquente mettant toujours nos vies en danger. La vie dans le Sud d’Israël est insupportable.
Depuis janvier dernier, en moyenne 6,3 obus de mortier et roquettes ont été tirés de Gaza sur le Sud d’Israël chaque jour.
 
Comme le ministre adjoint de la défense, Matan Vilnaï en a averti les chefs des communautés autour de Gaza la semaine dernière, du fait des améliorations de l’arsenal palestinien depuis qu’Israël a évacué Gaza il y a deux ans, les Palestiniens mettent maintenant en action des missiles et des roquettes ayant des portées étendues qui placent 130.000 Israéliens sous la menace d’attaques de missiles.
 
Mercredi dernier, le chef d’Etat Major Général de Tsahal, le Lt. Général Gabi Ashkenazi a fait savoir clairement que si Israël veut assurer la sécurité de ses citoyens, il n’y a qu’une chose à faire. Il doit conquérir Gaza.
 
Dans un discours à l’Université de Tel Aviv, Ashkenazi a expliqué : « Il est impossible de vaincre une organisation terroriste sans finalement contrôler le territoire. La bonne situation en Judée et Samarie est le résultat de notre contrôle sur la zone et nous ne serons pas en mesure de parvenir à la victoire dans le conflit à Gaza seulement par des tirs et des attaques indirects par voie aérienne ». Sans doute Ashkenazi a-t-il fait cette intervention mercredi matin lors de la réunion du cabinet de sécurité. Mais apparemment, sa proposition n’a pas été suivie.
 
Totalement opposée à Ashkenazi, la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni a prévenu ses collègues qu’assurer la sécurité du Sud d’Israël détruirait le processus de paix. Si Israël sécurise le Sud, les Arabes et l’administration Bush en deviendraient vraiment dingues. Et le chef palestinien « modéré » Mahmoud Abbas tournera le dos au processus de paix pour réunifier ses forces entraînées par les USA avec les forces du Hamas entraînées par les Iraniens.
Le message de Livni était clair : le gouvernement doit choisir entre la sécurité et le processus de paix.
 
Livni l’a emporté. Le processus de paix a gagné contre la sécurité du Sud d’Israël.
La préférence du gouvernement Olmert pour le processus contre l’essentiel n’est pas unique. De fait, c’est une affection partagée par des gouvernements du monde libre sur toute la planète. Les fondements philosophiques de cette affection sont pareillement partagés.
 
Les attaques du 11 septembre 2001 sur les USA ont intensifié un conflit qui mijotait depuis la fin de la Guerre Froide sur la définition de la rationalité. Les deux factions en guerre dans le débat, qui a fait rage à travers le monde libre, peuvent être qualifiées de ratiocinateurs et de rationalistes. Chaque partie a donné sa propre définition de la rationalité, et ces définitions concurrentes ont formé la base des prescriptions politiques des camps concurrents, pour faire face à la menace des terroristes islamistes et à leurs Etats parrains depuis lors.
 
Les ratiocinateurs comprennent des politiciens comme Olmert et Livni et la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, et les appareils de sécurité et de stratégie politique comme la CIA, le département d’Etat, le ministère des affaires étrangères et leurs homologues en Europe.
Les ratiocinateurs définissent la rationalité comme la sensibilité à la pression étrangère et la volonté de compromis.
Selon cette vue, si votre adversaire veut négocier avec vous, alors il est rationnel. Et puisqu’il est rationnel, il est capable de compromis. Et puisqu’il veut un compromis, il n’est pas vraiment votre ennemi.
 
L’Estimation du Renseignement National [NIE en anglais, Ndt] de l’ensemble des services de renseignement des USA sur les capacités et les intentions nucléaires de l’Iran est un exemplaire parfait de l’opinion des ratiocinateurs.
La NIE, qui affirme que l’Iran a cessé son programme d’armes nucléaires en 2003 suite à la découverte du programme et à l’enquête internationale qui s’est ensuivie, a conclu que « les décisions de Téhéran sont guidées par une approche coûts / bénéfices plutôt que par la ruée vers une arme sans tenir compte des coûts militaires, politiques et économiques ».
Et puisque l’Iran est rationnelle, la NIE recommande que les USA et ses alliés lui fassent une offre qui comprenne « une certaine combinaison de menaces d’intensifier l’enquête internationale et les pressions, et des opportunités pour l’Iran d’obtenir sécurité, prestige, et ses objectifs d’influence régionale par d’autres voies ».
 
L’avis des ratiocinateurs sur la rationalité est attrayant pour deux raisons principales.
D’abord, son argument essentiel est que l’Occident est seul responsable de déterminer si le monde jouira de la paix ou souffrira les ravages de la guerre. Si les Etats occidentaux crachent un ensemble de concessions suffisant, alors les terroristes et leurs Etats parrains négocieront avec eux.
Si les nations occidentales refusent de faire les concessions nécessaires, alors les terroristes et leurs Etats parrains les attaqueront et les nations de l’Occident ne pourront que se blâmer avec leur obstination.
Au-delà, puisque la rationalité du monde arabe et islamique est uniquement fonction de la volonté occidentale, l’idéologie du jihad qui guide les terroristes et leurs Etats parrains est immatérielle.
En ce qui concerne les ratiocinateurs, il n’y a aucune raison de fermer les sites Internet des jihadistes ni leurs centres d’endoctrinement. De fait, il n’y a pas aucune raison de mettre en cause la validité des doctrines et des valeurs jihadistes.
 
Cette opinion résonne aussi dans la NIE. Le rapport ne mentionne pas que le régime de l’Iran a été fondé sur les valeurs du jihad. Il ignore que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et ses partisans croient qu’en fomentant l’apocalypse, ils peuvent hâter la venue du messie shiite et faire advenir une ère de domination islamique globale dans un monde où les USA et Israël ne seront plus que des souvenirs amers.
Si la NIE avait pris ces vues idéologiques en compte, ses auteurs auraient remarqué qu’il y a une parfaite logique pour les ayatollahs à obtenir des armes nucléaires.
 
Mais prendre en compte les aspirations, valeurs et l’idéologie du régime iranien impliquerait de passer la ligne vers le camp opposé des rationalistes.
 
Pour les rationalistes, il est rationnel que la stratégie politique et les actes d’un Etat reflètent et fassent progresser ses valeurs, aspirations et croyances.
En conséquence, il est essentiel de comprendre et de faire face à ces croyances, valeurs et aspirations.
 
De même que les opinions des ratiocinateurs sont attractives parce qu’elles placent tout le pouvoir de déterminer les questions de la guerre et de la paix dans les mains des nations occidentales, de même les avis des rationalistes sont désagréables parce qu’ils supposent que le monde libre ne peut pas déterminer seul le cours des évènements. Il ne peut pas déterminer l’adhésion d’une société aux croyances et aspirations jihadistes.
Le mieux qu’il puisse faire est de prendre des mesures pour empêcher les sociétés jihadistes d’agir suivant leurs croyances.
 
Quand le Lt. Général Ashkenazi a expliqué que la conquête de Gaza est la seule manière d’assurer la sécurité du Sud d’Israël, il représentait l’avis du camp rationaliste de la rationalité.
Puisque les Palestiniens soutiennent dans leur grande majorité l’objectif jihadiste de la destruction d’Israël, il est rationnel pour eux d’attaquer Israël aussi longtemps qu’ils le peuvent.
Puisque Israël ne peut pas changer la façon dont les Palestiniens comprennent le monde et le sens de la vie, sa seule manière d’empêcher ses citoyens d’être assassinés, c’est de supprimer la capacité d’attaque par les Palestiniens.
 
Peut-être que l’aspect le plus étrange du dénigrement de l’importance de l’idéologie par les ratiocinateurs, c’est le mal qu’ils se donnent pour ignorer l’idéologie jihadiste d’un côté, et pour l’apaiser de l’autre.
Les agents des unités de l’anti-terrorisme du FBI par exemple sont dissuadés d’étudier le Coran. Leurs chefs soutiennent que seule une petite minorité de Musulmans aux USA et dans le monde souscrivent à une interprétation religieuse suprématiste du Coran qui soutient et encourage le terrorisme, le massacre et la guerre à mort contre les non musulmans, et donc ce que le Coran dit est sans importance.
 
Pourtant même s’il est vrai que seule une petite minorité de Musulmans pense que l’Islam est une politique suprématiste en même temps qu’une croyance religieuse, alors les ratiocinateurs devraient traiter les vrais jihadistes avec un mépris identique à celui qu’ils affichent envers les suprématistes blancs. Après tout, agir ainsi ne devrait pas gêner le reste de leurs coreligionnaires qui rejettent leurs vues. Mais le contraire se produit.
 
Les agents du FBI suivent une “formation à la sensibilité” islamique par des gens qui sont eux-mêmes sujets de leurs enquêtes anti-terroristes. Le personnel militaire des USA de Guantanamo est obligé de porter des gants quand ils prennent en main des copies du Coran appartenant à leurs prisonniers jihadistes.
Plus troublant, dans leur empressement à calmer cette petite minorité sans importance de jihadistes, les officiels israéliens, américains et européens brisent volontairement leurs valeurs centrales du respect de la loi et de la liberté d’expression.
 
En Israël, des Juifs israéliens qui ont bâti des maisons sans permis sont poursuivis selon la rigueur de la loi et chassés de leurs foyers. Des Arabes israéliens qui ont construit des villes entières illégalement sont ignorés par les autorités afin d’éviter des conséquences diplomatiques ou d’allumer des passions.
 
Aux USA, un individu peut se tenir devant la Maison Blanche et brûler le drapeau américain sans craindre des poursuites judiciaires. Mais si une personne dessine un porc sur une copie du Coran dans une bibliothèque publique, il peut être arrêté pour avoir commis un crime de haine.
 
Et en Europe, vous pouvez participer à une manifestation en invoquant l’Islam pour appeler à la destruction de la Grande Bretagne, ou de la Hollande ou du Danemark sans craindre de poursuite légale, mais si vous publiez une caricature de Mohammed dans votre journal, vous pouvez être soumis à une enquête criminelle et obligé de vous cacher pour promotion du racisme.
 
En Israël, il est difficile de convaincre les gens que l’idéologie du jihad est sans importance.
Mais les ratiocinateurs ont deux autres manières de convaincre le grand public et leur base politique qu’ils ont raison d’ignorer les actions et les intentions de l’ennemi, et de consacrer leurs efforts au compromis.
D’abord, il y a le facteur peur. Etant donnée la nature implacable de la haine du monde arabe et islamique envers Israël et le Peuple juif, les ratiocinateurs d’Israël défendent leur préférence pour des processus de paix imaginaires plutôt que pour la sécurité, en soutenant qu’Israël ne peut pas se permettre de mener une guerre.
Bien mieux que de se confronter à cette haine sur le champ de bataille, il y a l’option de la reddition préventive.
Comme le soutiennent les ratiocinateurs, si Israël se réduit aux lignes d’armistice de 1949, construit un grand mur et se cache derrière, alors peut-être les Arabes oublieront-ils que nous sommes toujours là et nous laisseront tranquilles.
 
Politiquement, il y a le fait que le parti Kadima du Premier Ministre Ehud Olmert a été fondé sur l’option que le territoire n’a pas de valeur défensive, et qu’une reddition préventive est une stratégie nationale raisonnable.
Reconnaître l’importance du territoire, ou que la cession de territoire à votre ennemi le renforce et vous affaiblit, impliquerait d’admettre que les principes fondateurs de Kadima sont tous faux.
Aussi Olmert, Livni et leurs associés maintiennent cette fiction, ne font rien pour sécuriser le Sud d’Israël et cherchent à transférer Jérusalem, la Judée et la Samarie aux terroristes du Fatah.
 
Depuis le 11 septembre 2001, les ratiocinateurs ont gagné beaucoup de leurs batailles contre les rationalistes, et les résultats de leurs victoires ont été à la fois ironiques et tragiques. Suite au contrôle de la politique par les ratiocinateurs, les seuls qui se sont constamment impliqués dans la poursuite rationnelle de leurs intérêts, valeurs et aspirations, ce sont les jihadistes et leurs Etats parrains.
 
De leur côté, les dirigeants du monde libre semblent essayer de vivre selon la remarque de George Orwell : « La manière la plus rapide de mettre fin à une guerre est de la perdre ».
 
Caroline B. Glick sur http://www.jewishworldreview.com/1207/glick121407.php3 - Adaptation française de Sentinelle 5768
 
Contribuant à la JWR, Caroline B. Glick est membre senior pour le Moyen Orient du “Center for Security Policy” [Centre pour la Politique de Sécurité] à Washington, DC et rédacteur en chef adjoint du « Jerusalem Post ».
 
Etat palestinien : Ne pas confondre vitesse et précipitation
 
Lors de son point de presse du 14 décembre, le porte-parole du Quai d’Orsay s’est vu poser la question suivante - bonne pour une fois :
« Est-ce qu’il est possible de nous expliquer pourquoi on a changé l’intitulé de la Conférence des donateurs pour l’Autorité palestinienne en Conférence des donateurs pour l’Etat palestinien ? ».
 
Et la réponse - édifiante, à notre avis - a été :
« J’ai déjà répondu » ( ??) « à cette question, mais je vous remercie de me la poser de nouveau, car cela me donne l’occasion de vous redire que c’est à l'initiative de M. Bernard Kouchner que la conférence s’appelle ainsi. C’est pour marquer clairement notre objectif, qui est aussi celui de tous les participants à la Conférence  : contribuer à la construction d’un Etat palestinien. Vous avez raison de le souligner. Cela marque bien que cette conférence vise à apporter un soutien financier, mais aussi un soutien politique à l'Etat palestinien  »
 
Nous ne doutons pas qu’il s’agit là d’une initiative de l’ancien french doctor, qui n’en est pas à sa première improvisation hasardeuse, depuis qu’il est en poste au Quai d’Orsay, mais nous ne sommes pas certain que « tous les participants à la Conférence », soient d’accord pour confondre vitesse et précipitation.
 
Car, comme nous l’avons déjà souligné, ici même, à diverses reprises, la création d’un Etat palestinien ne peut être le fruit d’une génération spontanée, voire autoproclamée.
Certes, on doit constater qu’en moins d’un demi-siècle est apparue la revendication d’une identité nationale palestinienne, encore qu’il ne soit pas très clair qu’il ne s’agisse pas, en réalité, d’une simple composante de l’umma (peuple) arabe, mais après tout, on parle bien d’un « peuple syrien », d’un peuple égyptien etc.... (l’existence d’un « peuple libanais, en revanche, semble contesté, ne serait-ce qu’à en juger par le comportement du voisin syrien).
 
Loin de nous de mettre en doute l’utilité de la conférence de « donateurs », dont la France a pris l’initiative. Nous pensons, en effet, qu’il est opportun de permettre à l’Autorité (sic) palestinienne d’établir, effectivement, cette autorité qui, précisément, lui fait défaut.
Car, la tâche de toute « autorité publique », pour être reconnue comme légitime, est de veiller à satisfaire les besoins de la population, qui lui est subordonnée.
 
Or, il est évident que l’économie des Territoires est dans un tel état de délabrement, dû essentiellement à la corruption qui a gangrené jusqu’à présent ladite « Autorité palestinienne » qu’une aide économique massive de l’extérieur s’avère indispensable.
Encore faut-il s’assurer - et c’est la raison pour laquelle Israël tient à veiller que cette aide ne soit pas accordée au « gouvernement » palestinien, dont l’objectif est toujours la disparition - même si ce n’est qu’à terme - de l’Etat d’Israël.
Il est normal que les contribuables des pays donateurs ne soient pas amenés à armer les bras d’assassins.
 
Si donc, l’objectif initial de la Conférence était parfaitement louable, il n’en est plus de même avec cette dérive initiée par la France (même et surtout si on peut penser que Bernard Kouchner n’a pu prendre cette initiative sans en référer à l’Elysée...).
 
L’une des première questions - certes délicate, mais indispensable - sera pour les deux parties intéressées de se mettre d’accord sur les limites respectives du territoire relevant de leur autorité.
De notre point de vue, il est tout à fait illégitime de vouloir « mettre la charrue avant les bœufs » en reconnaissant un « Etat palestinien », dont on ne pourrait pas définir, en même temps les limites du territoire.
Et la réponse d’attente faite par le porte-parole du Quai d’Orsay à la question : « Cela veut dire que la France va utiliser à partir du 17 décembre cette dénomination d’Etat palestinien à la place d’Autorité palestinienne ou Territoires palestiniens ? » n’en est que plus inquiétante.
« Attendons de voir les résultats de la conférence. Vous avez bien compris que nous parlons ici d’un objectif ».
 
Espérons qu’après le dîner informel de dimanche soir, que le ministre français offrira aux représentants des Etats et institutions internationales participant à la conférence, qui débutera le lendemain, la digestion ne les empêchera pas de garder la tête froide lors de la discussion.
 
Il y a urgence à aider économiquement le peuple palestinien eu égard au fait que « ventre affamé n’a pas d’oreilles » (il serait plus exact de dire que dans un état de pauvreté, la population ne peut résister aux tentations des solutions extrêmes ».
 
Mais de là à anticiper sur les négociations de bonne foi que les représentants légitimes des deux communautés ont encore récemment décidé d’ouvrir, il y a un abîme qu’il y a lieu de ne pas franchir.
 
David Ruzié ; professeur émérite des universités, spécialiste de droit international sur http://www.desinfos.com/article.php?id_article=8724
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