Jusqu'ici tout va bien

Publié le par Ofek

Jean-Paul Ney – Le confidentiel
 
Toutes les 24 heures : 112 voitures brûlent, 15 attaques sur les services d'urgences. Depuis janvier : 3000 policiers blessés. Jusqu'ici tout va bien.
 
Il y a quelques heures, non loin de la place Beauvau, autour d'un bon café, j'ai longuement discuté avec un lieutenant de police rattaché au service qui se résume en deux lettres, R.G. Nous évoquons la presse étrangère qui - comble de l'ironie - a expédié très discrètement sur Paris ses commandos de journalistes à l'approche de deux dates sensibles : l'anniversaire des deux voyous décédés de Clichy-sous-bois et surtout la fin du Ramadan. Certains JRI (journalistes reporters d'images), photographes et rédacteurs ont même réservé à l'avance des hôtels de banlieue, et des correspondants étrangers basés sur Paris et proche banlieue ont suivi un stage 'violences urbaines' en Grande-Bretagne, en Suisse, en Espagne et en Belgique.
 
Au fur et à mesure que la pression monte, que les agressions et les embuscades se font de plus en plus violentes, la France est mise sur la table d'observation : des centaines de micros et de caméras veillent et déjà, des équipes de photographes patrouillent dans le 93, à Lyon mais aussi à Toulouse et Marseille. « C'est du délire, les journalistes étrangers finissent par mieux connaître les banlieues que leurs collègues français. » dixit le lieut' des RG.
 
En attendant la mise à feu, c'est dans la presse étrangère que l'on peut lire les meilleures analyses de la situation, de ce qui ne passe pas sur TF1 ou en Une de l'exécrable Libération :
« Avant l'anniversaire de la semaine prochaine, rien n'a changé, la violence couve ./. une moyenne de 112 véhicules brûlent chaque jour en France, plus de 15 attaques par jour sur les services d'urgence (police, pompiers, mais aussi SOS Médecins ou la Croix Rouge) ./. Quelques 3000 policiers ont été attaqués et blessés depuis janvier 2006, uniquement dans des violences avec les jeunes.
Depuis septembre dernier, les méthodes montent d'un cran et on assiste en France, près de Paris, à des embuscades de type commando. A Clichy-sous-bois, près de là où tout a commencé il y aura un an, un jeune encagoulé hurle 'nous sommes à nouveau prets, en fait, ça n'a jamais arrêté'.
Action Police déclare 'nous sommes dans une guerre civile orchestrée par les islamistes radicaux' et Bruno Beschizza de Synergie n'hésite pas à déclarer que 'ce qui a changé depuis le mois dernier c'est que maintenant ils veulent nous tuer'./.
Sébastien Roche, sociologue s'exprime 'il y a une initiation à la destruction, les plus jeunes apprennent où se trouvent les réservoirs d'essence, les autres lisent des manuels trouvés sur Internet, le how to make a bomb (fabriquer une bombe pour les nuls.) ». Voilà comment 'The Times', via la plume de Charles Bremner résume la situation.
Je commente l'article avec le lieutenant des RG « en avril 2002 quand Le Pen est arrivé au second tour, les collègues de la section vie politique n'ont eu aucune réaction : ils savaient, ils l'avaient prévu et écrit.
Les déclarations de Synergie et de Action Police sont exacerbées, pourtant il y a un fond de vérité : le risque de mort d'homme de l'un ou de l'autre côté est passé de 50 à 100 %, le risque est bien réel : un policier paniqué peut sortir son arme face à 30 voyous venus agresser sa patrouille, ils sont tout aussi dangereux et ne vous veulent pas forcément du bien. ».
Le lieutenant craint un débordement, un geste - volontaire ou non - qui signerait alors le départ de nouveaux foyers à travers la France, « c'est ce que certains groupes cherchent a faire ».
Quant à la question islamiste, le lieut' y croit « oui il y a une piste islamiste, oui il y a des petits groupes très mobiles et très organisés qui ne sont pas de petits voyous du dimanche. L'an dernier ils n'étaient passé à l'action que sur Internet, sur les blogs et pendant les prières, cette fois-ci on craint qu'ils aient mieux intégré et analysé le dispositif policier et médiatique. Je conseille à tout policier de bien faire attention à sa vie, et à ses gestes ».
Des téléphones portables nous sommes passés à l'ère des mini caméras sans fil planquées dans les arbres, les poubelles, les voitures.
D'après les RG, certains gros casseurs se seraient procuré des talkie-walkies cryptés (que l'on trouve sur Internet) et des monoculaires intensificateurs de lumière.
« Non, ce n'est pas une légende, tout comme le guide du parfait terroriste, le guide du résistant ou le manuel de guérilla urbaine, c'est généralement ce qu'on a retrouvé dans la majorité des cas pendant les perquisitions et les arrestations », confirme le lieutenant.
« L'an dernier, on avait affaire à des jeunes désemparés, puis peu à peu des groupes de voyous. Les islamistes ont appuyé et cautionné moralement. Cette fois-ci, ils sont passés à l'action, mêlant petit voyou de quartier, jeune désemparé qui veut faire comme ses copains, et islamiste pur et dur. »
Quand on lui demande si ce sont les trafiquants de stups divers (haschisch, cocaïne.) qui auraient fait cesser le feu pour cause de graves pertes financières, il répond par l'affirmative « oui, les dealers se sont confrontés aux groupes de casseurs et aux gamins, ils avaient en face d'eux les religieux radicaux. C'est un risque supplémentaire que nous avons tout de suite pris en compte ».
Ainsi va la vie dans mon pays, la pauvre France.
Mais, aux ordres de l'occupant de l'élysée, quand ça les arrangent, les propagandistes vous le disent : tout va bien.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article