Le nœud gordien d’Alexandre le Grand

Publié le par Ofek

Par Laurent Murawiec à Washington © Metula News Agency

 

 

 

 

 

 

L’Iran veut la guerre parce qu’il veut l’hégémonie régionale

 

 

 

et qu’il est dirigé par une équipe de pourvoyeurs d’apocalypse

 

 

 

 

 

 

L'ennemi

 

 

 

 

 

 

 

Le Hezbollah n'est pas un mouvement libanais, mais le bras armé et la cinquième colonne du régime des ayatollahs iraniens au Liban.

 

 

 

Cet Etat dans l'Etat, parasite fortement nourri et armé par ses maîtres, est parvenu à se tailler, au Sud-Liban, un mini-empire, un camp retranché où le pasdaran iranien n'est pas le dernier à se battre.

 

 

 

Le Hezbollah est le point d'ancrage stratégique de l'Iran sur les rives de la Méditerranée : depuis la chute de la dynastie fatimide d'Egypte, c'est la première fois qu'une puissance chiite, en l'occurrence l'impérialisme millénariste perso-chiite, s'attribue un domaine au nord de la Palestine et au sud du monde turc.

 

 

 

Le « croissant » géostratégique contrôlé va ainsi de Beyrouth-Sud à Téhéran via Damas.

 

 

 

 

 

 

 

L'Iran poursuit avec ténacité ses buts : la domination du Moyen-Orient, et la menée, dans l'immunité stratégique totale, de ses opérations terroristes contre ses voisins, contre l'Occident, et, au premier chef, contre les Etats-Unis et l'Europe.

 

 

 

Téhéran, qui vise sans relâche l'acquisition d'un cycle nucléaire complet et l'assaut multiforme contre Israël.

 

 

 

La méthode suivie par les ayatollahs n'en est pas moins classique : ils procèdent par crises successives et délibérément provoquées, dans des conditions et suivant un calendrier choisis par eux : l'initiative stratégique leur appartient ; jusqu'à présent, leurs ennemis n'agissent pas, ils ne font que réagir.

 

 

 

C'est dans ce cadre que l'Iran est devenu le principal étai du Hamas palestinien, comme il l'est du Hezbollah.

 

 

 

C'est pourquoi les soldats israéliens ont été enlevés, et les Katiouchas bombardant Israël lancées.

 

 

 

 

 

 

 

L'Iran veut la guerre parce qu'il veut l'hégémonie régionale et qu'il est dirigé par une équipe de pourvoyeurs d'apocalypse.

 

 

 

Ahmadinejad & Cie croient fermement à la venue, d'ici deux ans, du Mahdi, et, en bonne doctrine millénariste et gnostique, « savent » que leur action, jusques et y compris l'embrasement du Moyen-Orient et la guerre nucléaire, hâtera la réapparition de l'Imam caché, signe de la fin des temps dans l'eschatologie chiite.

 

 

 

 

 

 

Pour ces zélotes, la vie humaine ne compte pour rien : “nous aimons la mort plus que vous n'aimez la vie”, se complaisent-ils à répéter.

 

 

 

Le martyre infligé jadis à des centaines de milliers de gosses iraniens pendant la guerre avec l'Irak, ils sont prêts à l'administrer à des foules d'autres gosses - incluant ceux qu'ils exposent sciemment et volontairement aux accidents de tir de leurs opposants.

 

 

 

Les pertes que leurs actions occasionnent chez les civils libanais sont des instruments de manipulation de l'opinion.

 

 

 

Les Nasrallah et les Ahmadinejad se réjouissent, puisque les media et les « chancelleries » peuvent alors revenir à leur antienne favorite, « Juifs = assassins ».

 

 

 

Hitler se fichait éperdument du peuple allemand, chair à canon de son mythe aryen.

 

 

 

Nasrallah veut de la chair fraîche et pantelante pour le 20 heures. Et à son déshonneur, le 20 heures s'en repaît.

 

 

 

 

 

 

 

Les marionnettistes de Téhéran ont voulu, orchestré et déclenché la guerre.

 

 

 

Le président iranien ne fait pas mystère de ses intentions : éliminer l'Etat d'Israël.

 

 

 

Est-il un seul simple d'esprit qui ne comprenne - même s'il est diplomate patenté - qu'on ne détruira pas l'Etat d'Israël sans y procéder à un génocide ?

 

 

 

Les discours de Nasrallah donnent dans la surenchère.

 

 

 

Le Hezbollah est une organisation à vocation génocidaire et à intention hégémonique.

 

 

 

Et c'est moins l'objet télécommandé que les porteurs iraniens de la télécommande qui inquiètent le Moyen-Orient arabe - au point de faire émettre des fatwa contre le Hezbollah par des membres éminents de l'appareil religieux saoudien, et de voir les ministres des Affaires Etrangères de la Ligue arabe condamner les provocations du même Hezbollah !

 

 

 

Une bonne partie du monde arabe se réjouit de voir Israël commencer de régler son compte aux tueurs pro-iraniens, tant il est clair que leur mobilisation contre Israël entend également se tourner vers quiconque ne défile pas au pas de l'oie téhéranaise.

 

 

 

Les froncements de sourcils et le grotesque vocabulaire utilisé par les dirigeants arabes pour flétrir Israël après l'incident de Cana ne doivent pas tromper : comme d'habitude, ils caressent la foule dans le sens du poil tant que celui-ci est hérissé.

 

 

 

 

 

 

 

Quant au régime syrien décati, il continue ses jeux de vilains, voyant dans la guerre montée par le boss persan l'occasion de se refaire, après avoir perdu l'essentiel de ses plumes et de ses cartes.

 

 

 

L'ustensile damascène de l'Iran se redresse comme un coq sur ses ergots usés et se croit déjà en mesure de remettre la main sur le poulailler libanais.

 

 

 

 

 

 

 

Tant que le Hezbollah est à même de peser sur le Liban, il n'existe pas la plus infime possibilité de faire la paix avec les Palestiniens.

 

 

 

Ceux-ci avaient épuisé la liste des parrains successifs de leur politique exterminatrice, Soviétiques disparus, Egyptiens excédés, Jordaniens depuis longtemps furieux, Saoudiens exaspérés.

 

 

 

Restent la Syrie et l'Iran : aussi longtemps que les Palestiniens peuvent s'adosser à une « grande » puissance extérieure, leur intransigeance belliciste demeurera.

 

 

 

 

 

 

 

L'Occident

 

 

 

 

 

 

 

Dès le début des événements de guerre - les enlèvements à Gaza et au Sud Liban -, le président Bush s'est de nouveau émancipé de la bureaucratie washingtonienne, celle du département d'Etat, de la CIA et d'une partie du Conseil national de sécurité.

 

 

 

Pour la bureaucratie, aucun doute n'est permis : c'est l'existence de l'Etat hébreu qui est la cause de tout le mal, et ce sont les hommes forts qui sont les partenaires à privilégier (cette ligne vient d'être répétée, dimanche dernier, dans un article du général à la retraite Brent Scowcroft, publié dans le Washington Post).

 

 

 

Comme cela s'est produit à plusieurs reprises ces dernières années, l'événement a réveillé les instincts moraux de George Bush, un temps assoupis ou plutôt anesthésiés par sa bureaucratie.

 

 

 

Bush a donc tapé du poing sur la table, et réorienté sa secrétaire d'Etat et sa diplomatie en faveur d'un soutien sans faille à Israël.

 

 

 

 

 

 

 

Plus encore, la Maison Blanche a assuré l'Etat hébreu de son soutien s'il s'attaque à Damas et aux positions iraniennes en Syrie et au Liban.

 

 

 

Bush a de nouveau réussi à recruter son compère Tony Blair.

 

 

 

L'Allemagne d'Angela Merkel, sans parler de l'Australie de John Howard, marchent au même pas.

 

 

 

L'opinion publique américaine est souverainement et massivement favorable à l'action israélienne.

 

 

 

Bush a ouvert une fenêtre stratégique à Israël.

 

 

 

 

 

 

 

Grâce au désengagement de Gaza, Israël s'est acquis un capital politique impressionnant, suffisant en tout cas pour « acheter » le droit de faire la guerre au Hezbollah et à ses mandants.

 

 

 

A cette « opinion » internationale friande de légitimation et de paragraphes de droit, Israël peut déclarer : « Comme vous l'exigiez, nous avons cédé des terres pour avoir la paix. Nous avons perdu les terres sans gagner la moindre paix, mais au contraire, des volées de missiles : voilà, grandeur nature, le résultat de votre expérience. Basta. Les Palestiniens, ont gagné des territoires, et ils ont porté le Hamas au pouvoir : ce qu'ils  veulent, c'est la guerre, la guerre. ».

 

 

 

Les menaces interminablement proférées par Ahmadinejad, Khamenei, Rafsanjani et compagnie envers l'existence même d'Israël ont étoffé le crédit dont disposait l'Etat hébreu.

 

 

 

 

 

 

 

La population israélienne est convaincue, comme elle ne l'a peut-être pas été depuis 1967 et 1973, que c'est sa peau, sa survie, la survie du Foyer national juif, qui sont en jeu, ce qui donne au gouvernement une formidable marge de manœuvre.

 

 

 

 

 

 

 

La guerre

 

 

 

 

 

 

 

Elle crée une extraordinaire occasion stratégique de détruire le centre de gravité de l'ennemi : le régime syrien.

 

 

 

Sans Damas, pas de lien continu Téhéran-Hezbollah ni de renforts pour le Hezbollah ; pas de continuité stratégique pour l'Iran, mais son isolement régional.

 

 

 

Sans Damas, pas de grand arrière proche pour le terrorisme palestinien ; pas de menace sur les fronts nord et est pour Israël.

 

 

 

Le régime d'Al-Assad est débilisé, ses forces armées, en déliquescence avancée, ne disposent que de trois atouts : le Hezbollah et le terrorisme palestinien ; le soutien iranien ; ses missiles susceptibles de menacer les villes israéliennes. Sans Damas, la guerre d'Irak est facilitée - un front de moins pour les Etats-Unis et la Coalition, une réserve arrière de moins pour les insurgés.

 

 

 

 

 

 

 

Cela fait maintenant trois semaines que des forces israéliennes limitées laminent le front hezbollani, et « dégradent » (en termes militaires) les capacités du groupe.

 

 

 

Certes, Tsahal n'est pas tombée dans le piège habituel du Hezbollah, qui comptait sur une occupation en force lui permettant d'appliquer une stratégie d'attrition, « à la libanaise », et de saigner l'armée d'Israël.

 

 

 

Au contraire, ce sont les troupes d'élite du Hezbollah qui sont en train d'être anéanties.

 

 

 

Bien des infrastructures militaires du groupe chiite ont été détruites, et ses capacités diminuées.

 

 

 

Mais cela ne mène nulle part tant que le centre de gravité de l'ennemi n'a pas été écrasé et détruit.

 

 

 

Ce centre, c'est la Syrie, c'est le régime syrien.

 

 

 

 

 

 

L'aptitude de la Syrie à menacer Israël et à servir de base d'opération pour ses ennemis est, depuis la paix avec l'Egypte, la menace principale pesant sur Israël, et, bien plus encore, depuis qu'une alliance stratégique a été forgée entre les alaouites syriens et les chiites iraniens.

 

 

 

 

 

 

 

L'usage sélectif des troupes terrestres au Sud-Liban, le pilonnage auquel se livre l'artillerie, et le déploiement intensif de l'armée de l'air n'ont d'utilité que comme premiers pas, comme tremplins d'une attaque contre la Syrie.

 

 

 

Tout autre voie représentera une défaite pour Israël.

 

 

 

Sauf s'il s'agit d'un piège stratégique tendu à la Syrie et à l'Iran - la perte progressive de leur atout au Liban les incitant, les forçant même, dans leur dialectique, à intervenir directement, ce qui permettrait à Israël de frapper Damas dans le mille.

 

 

 

 

 

 

 

C'est tout juste le moment de poser les véritables questions de stratégie régionale : A quoi pourrait bien servir à Israël une bande de terrain de quelques kilomètres au Sud-Liban, surtout quand l'ennemi dispose de missiles d'une portée de 40, 70 et 100 kilomètres ?

 

 

 

A quoi pourrait servir d'éliminer quelques centaines de tueurs d'élite du Hezbollah, tant que subsisterait la menace d'une reconstitution de ses forces ?

 

 

 

 

 

 

 

Pire, si les choses devaient, en substance, rester en l'état où elles sont aujourd'hui, le Hezbollah deviendrait le héros de la rue arabe, celui qui, pendant plusieurs semaines, aurait tenu en échec l'armée sioniste.

 

 

 

Selon la vision arabe, ce serait une humiliation complète pour « les Juifs », infligée par les héros combattants de l'Islam.

 

 

 

Téhéran, Nasrallah, le Hamas auraient raison : on peut écraser les Juifs, puisqu'on peut, héroïquement, leur résister.

 

 

 

 

 

 

Les conséquences en seraient terribles pour Israël, qui devrait s'attendre à une formidable recrudescence de l'assaut terroriste ; elles seraient effroyables pour l'Irak, où une insurrection chiite soutenue par l'Iran et dirigée par Moqtada al-Sadr serait à craindre à échéance de quelques mois.

 

 

 

Devant un Iran triomphant et ascendant, les chiites modérés, comme l'ayatollah Sistani, seraient de peu de poids. L'occasion de briser l'ascension de ces menaces aurait été gaspillée et le capital acquis dilapidé.

 

 

 

 

 

 

 

De ce point de vue, le raid mené sur Baalbek et l'élargissement de l'offensive terrestre israélienne, sont de bon augure. Mais il faut aller plus fort et plus loin.

 

 

 

« Il faut saisir la Fortune aux cheveux », dit Machiavel : les ouvertures stratégiques se referment vite, pour ne plus se rouvrir.

 

 

 

Le Moyen-Orient se tournera irrémédiablement vers les vainqueurs de cette guerre, quels qu'ils soient.

 

 

 

Le soutien renouvelé, apporté ce mardi soir (heure de Washington) à Israël par la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, est également précieux.

 

 

 

 

 

 

 

Pour l'Iran, cette guerre est une phase préparatoire de la grande guerre qui doit exterminer Israël et expulser les Etats-Unis du Moyen-Orient.

 

 

 

Pour Israël, c'est une guerre de survie.

 

 

 

Pour les Etats-Unis, c'est un redoutable quitte ou double.

 

 

 

 

 

 

 

Un cessez-le-feu serait un désastre stratégique de première ampleur, un Munich moyen-oriental.

 

 

 

Mais il est plus qu'envisageable qu'une escalade, au contraire, se produise.

 

 

 

La stratégie suggérée ici, d'écraser une fois pour toutes le régime syrien est possible, tant que le parapluie stratégique américain protège l'action d'Israël.

 

 

 

Elle comporte certes des risques importants - mais qui peut hésiter longtemps, puisque ce sont la survie de l'Etat et du peuple qui sont en jeu ?

 

 

 

On objectera les aléas d'une situation syrienne post-Assad ; certes !

 

 

 

 

 

 

 

Mais les menaces procédant de la persistance de ce régime sont plus terribles encore.

 

 

 

Il revient aujourd'hui à Israël, pour assurer sa survie, pour casser les ambitions conquérantes de l'Iran, de trancher dans le vif, par le fer et par le feu, faute de quoi, ce seront ses ennemis qui hériteront de l'initiative.

 

 

 

 

 

 

 

Les ministères-clé et les installations des services de renseignement syriens, les palais d'Assad et de ses complices, l'énorme ambassade iranienne à Damas, pivot de toutes les opérations iraniennes vers l'Ouest, doivent être écrasés sous les bombes - et nul ne devrait être prévenu : pas de frappes sur des immeubles vides.

 

 

 

Halas ! C'est ce que les stratèges de la première ère nucléaire avaient appelé une « frappe de décapitation. »

 

 

 

Tant qu'à faire un carnage, autant qu'il frappe les criminels.

 

 

 

 

 

 

 

La situation actuelle ne peut durer : elle cédera d'un côté ou de l'autre.

 

 

 

Stratégiquement parlant, la Syrie est le nœud gordien du Moyen-Orient.

 

 

 

C'est d'avoir tranché ce nœud qui donna la Perse et l'Orient à Alexandre le Grand.

 

 

 

C'est ce nœud qu'il faut aujourd'hui trancher à nouveau pour assurer, à terme, la survie et la sécurité d'Israël, et la stabilité de la région.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Iran - Syrie

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