Chirac « embourdé », ou le lapsus dévoilé

Publié le par Ofek

Simon Fraydenraych, analyste - Liberty Vox
 
 
Après Ségolène Royal, c’est au tour de Chirac de commettre une bourde, et quelle bourde! Monumentale !
Lors d'un entretien accordé lundi dernier au « New York Times » (journal de la gauche intellectuelle américaine), au « Monde » et au « Nouvel Observateur », Chirac a fait des déclarations révélatrices du fond de sa pensée sur l'Iran nucléaire.
 
... " Evoquant les ambitions nucléaires de l’Iran, il a noté que ce n’était pas tant le fait de posséder « une bombe nucléaire qui serait dangereux »– « une, peut-être une deuxième un peu plus tard, qui ne lui servira à rien»… « Où l’Iran enverrait-il cette bombe ? Sur Israël ? Elle n’aura pas fait 200 mètres dans l’atmosphère que Téhéran sera rasée », a-t-il commenté. "...
 
Le décryptage de cette énorme bourde, qui s'apparente à un lapsus révélant la pensée et les voeux profonds de celui qui a mené trente ans durant une politique étrangère française outrageusement pro-arabe, est limpide.
 
Selon la doctrine de la dissuasion nucléaire à la française, la « dissuasion du faible au fort » est destinée à prévenir un agresseur que toute tentative d'utilisation de l'arme nucléaire contre le sanctuaire national français sera vouée à une réplique « foudroyante », « terrible », « indomptable », du nom de quelques uns de nos SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins dont la candidate socialiste ne possède qu'une connaissance très approximative).
 
Mais cette doctrine, qui a effectivement empêché les deux géants (les USA et l'URSS) de s'entre-annihiler pendant la guerre froide de près de quarante ans qui suivit la seconde guerre mondiale, ne peut fonctionner d'une part qu'avec des dirigeants qui fonctionnent rationnellement, ce qui n'est pas le cas d'Ahmadinejad à Téhéran, et d'autre part, si elle laisse un espoir de survie sur une partie du sanctuaire national.
 
Or ces deux conditions essentielles ne sont pas réunies concernant une agression nucléaire de l'Iran contre Israël : certes, il est plus que probable qu'Israël a les moyens de déclencher le feu nucléaire, et Ehud Olmert l'a bêtement révélé lors d'un récent voyage en Europe.
 
Mais une bombe nucléaire iranienne et une seule peut détruire suffisamment de population et de territoire en Israël (ou en Palestine soit dit au passage, Tchernobyl nous a appris que les vents se rient des frontières en matière de contamination nucléaire) pour y provoquer un nouvel holocauste et y rendre toute survie impossible.
 
Aussi, savoir que Téhéran et d'autres grandes villes d'Iran seraient rasées dans les minutes suivant l'expédition d'une bombe nucléaire sur Israël n'est qu'une piètre consolation.
 
Pas pour Chirac : Une telle agression aurait le mérite de lui retirer deux soucis majeurs : Israël, dont la survie l'irrite, tant il a d'amitiés dans le monde arabe, et l'Iran nucléaire qui se verrait calmée pendant un temps, avec des institutions sans doutes bouleversées.
 
L'énorme bourde révélatrice de Chirac nous en apprend sur plusieurs autre plans :
 
Si l'Iran possédait UNE SEULE BOMBE NUCLEAIRE, ce ne serait pas grave, parce que, devinez sur quel pays l'Iran pourrait envoyer cette UNIQUE BOMBE NUCLEAIRE ?
Allez, donnez une réponse au hasard, juste comme ça pour voir.
Mais sur Israël pardi !
Et cela, ça ne le dérange pas Chirac : Ce serait « sans importance » !?!
 
La France répète à l'envi selon sa politique étrangère anti-israélienne qui confine à l'antisémitisme, si l'on connaît la tradition du quai d'Orsay où brûle le flambeau de l'antisémitisme traditionnel français depuis l'Affaire Dreyfus :
 
« Israël serait le principal facteur de guerres dans le monde, et responsable de l'instabilité de tout le Moyen-Orient ».
 
Israël serait aussi responsable de « l'humiliation du monde arabe » :
 
Il est vrai que si l'on compare les réalisations de celui-ci, pourvu de tant de richesses naturelles, à celles du minuscule Etat démocratique d'Israël, qui ne peut compter que sur la foi de ses habitants et la matière grise de ses savants et chercheurs pour se hisser à la pointe de la science et du commerce par tête dans le monde, l'humiliation est compréhensible.
 
C'est celle des cancres face aux premiers de la classe, pourtant si pleins de bonne volonté qu'ils sont prêts à partager leurs trouvailles.
 
Il est vrai aussi que quand on compare le nombre de prix Nobel juifs à ceux d'origine arabe et musulmane dans tous les domaines, depuis la physique et la chimie, en passant par la médecine, l'économie et même la littérature, on est obligé d'admettre que le ratio rapporté à la population totale des communautés respectives a de quoi faire pâlir les statisticiens partisans de la loi de Gauss.
 
Ce n'est pas une affaire de « Peuple élu », qui fait enrager les antisémites, y compris le bouffon Dieudonné.
 
Ce n'est pas une affaire d'intelligence innée : C'est une affaire d'exploitation des ressources disponibles.
Donnez-moi un champ de pétrole, et je le ferai exploiter en me reposant sur les autres.
Ne me donnez rien a priori, et je me creuserai les méninges pour nourrir les miens et améliorer le sort de tous.
Et si tout cela avait quelque chose à voir avec la révérence faite à la connaissance, opposée à celle dédiée à la violence ?
 
Si Chirac, à travers sa bourde-lapsus monumentale nous a livré sa pensée toute nue, après son discours « écran de fumée » lors de la cérémonie de l'entrée des « Justes de France » au Panthéon (où Israël, qui est le pays qui délivre ce titre honorifique depuis plus de 20 ans, n’a pas été cité une seule fois dans son discours !, ndlr), si quelques mois après sa première élection il avait reconnu le rôle de la France dans la déportation de 78 000 Juifs résidents en France à l'époque du régime de Vichy « pour solde de tous comptes », c'est parce que tout nous prouve que Chirac et les instruments de propagande, des chaînes de télévision à la presse aux ordres, car il ne s'agit pas d'autre chose, dont le pouvoir dispose, aiment les pleurnicheries saint-sulpiciennes sur les Juifs morts, mais adorent taper à manches rabattues sur les juifs bien vivants, au point que les Juifs vivants en France ne se sont jamais sentis autant dans un climat d'insécurité, n'en déplaise au dirigeants du CRIF qui vont chercher les légions d'honneur réclamées sur la réserve personnelle du chef de l'Etat, quelques jours avant le dîner annuel du CRIF, nouveau « must républicain » où il faut être vu, au point que tous les candidats à la présidentielles s'y pressaient.
 
Le CRIF inspire donc tant de respect, et il n'utilise pas son pouvoir de dissuasion ?
L'Elysée s'est si bien rendu compte de la bourde énorme du président Chirac que, alors que l'essentiel du message de Roger Cukierman, président sortant du CRIF, adressé à nos autorités politiques, concerne précisément le danger d'un Iran nucléaire, le conseiller en politique étrangère de Chirac, Gourdault-Montagne, s'est cru obligé de décrocher son téléphone pour appeler Roger Cukierman.
 
Propos rapportés dans la "Newsletter du CRIF" du jour http://www.crif.org/index.php?page=articles_display/detail&aid=8279&artyd=2 :
 
A la suite des propos du Président Chirac rapportés dans le Herald Tribune et dans Le Monde concernant un éventuel changement de la politique française à l’égard de l’Iran, Maurice Gourdault-Montagne le conseiller diplomatique de l’Elysée a appelé le Président du CRIF, Roger Cukierman pour lui confirmer que la France n’a pas changé de politique à l’égard de l’Iran et qu’elle s’oppose toujours avec la plus grande fermeté au projet de bombe atomique iranienne.
Il lui a également rappelé que le Président Chirac a été extrêmement choqué par les propos négationnistes du Président iranien et de la conférence qu’il a organisée à Téhéran.
Enfin, le Président Chirac a toujours refusé de rencontrer le Président Ahmadinejad.
 
Les conclusions que les autruches patentées de notre quai d'Orsay tirent de tout cela sont :
 
- Pour que nous vivions heureux, « cachez ces Saints » que nous ne saurions voir.
 
- Enfouissons nous la tête dans le sable : la disparition d'Israël rendrait heureux tant de médiocres !
 
- Volons l'argent des contribuables européens pour en gaver le soi-disant Peuple palestinien, inventeur avec Arafat du terrorisme de masse, incapable de s'organiser de façon autonome, mais seulement de violence et d'escalade dans la barbarie.
 
- Dénigrons sans cesse Israël, en mentant sur l'équilibre de la politique européenne à son égard.
 
- Faisons en sorte d'entretenir l'abcès de fixation du monde arabo-musulman sur Israël, pour ne rien révéler des vrais enjeux économiques.
 
- Laissons planer une menace de mort sur l'Etat Israël, de nouvel Holocauste sur le Peuple juif bien vivant : Ce feuilleton des Juifs et des Arabes qui s'entretuent, ça plaît bien à notre petit peuple, et nos « zélites » peuvent s'en gausser d'un sourcil réprobateur mais indifférent.
 
- Jouons les Tartuffes en rendant hommage aux « Justes de France » ayant sauvé des Juifs, et empochons le bénéfice du long travail d'autrui.
 
- Oublions de mentionner que l'initiative est née il y a 20 ans en Israël, à l'Institut Yad Vashem.
 
La conclusion du New York Times est cruelle pour Chirac, mais elle est tellement vraie :
 
Mais, si le président français a rectifié le tir, le New York Times n’a pas hésité à rappeler, non sans malice :
 
« A quelques mois de la fin de son second mandat, Jacques Chirac, âgé de 74 ans, a eu un accident vasculaire-cérébral en 2005. Selon certains responsables politiques, ses propos seraient bien moins précis depuis »...
 
Alors Chirac, on se prépare à nous refaire le coup du « J'attends le printemps et les sondages sur ma décrépitude » pour lâcher la rampe et annoncer un soutien bien légitime au candidat de sa « famille politique », ou bien on fait mine de jouer les prolongations sur la scène internationale, au risque de se couvrir encore de ridicule ?
 
(…)
 
Rectifications
 
Des déclarations loin d’être neutres :
« Il n’est pas certain qu’il pensait vraiment ce qu’il disait. Et si c’est le cas, cela sous-entend que le fossé avec la politique américaine se creuse » relève le New York Times.
 
D’où les rectifications de Jacques Chirac, le lendemain :
« C’était un raccourci schématique, extrêmement schématique. Plus encore, c’est une formule que je retire ».
Il a tenu à préciser qu’il ne souhaitait pas pointer du doigt tel pays plutôt que tel autre.
 
Mais, si le président français a rectifié le tir, le New York Times n’a pas hésité à rappeler, non sans malice :
 
« A quelques mois de la fin de son second mandat, Jacques Chirac, âgé de 74 ans, a eu un accident vasculaire cérébral en 2005. Selon certains responsables politiques, ses propos seraient bien moins précis depuis ».
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