Les États-Unis infantilisent les Européens (Suite)

Publié le par Ofek

Politique des Etats-Unis

 

Q : Que pensez-vous du terme «néoconservateur» ? Acceptez-vous d’en être qualifié ?

 

DP : Je suis indécis.

Les néoconservateurs sont peut-être 40 ou 50 dans le monde. Ce n’est pas précisément un grand mouvement. Et on leur prête un pouvoir impressionnant. De sorte que j’aime assez l’idée d’être l’un d’entre eux.

 

Mais d’un autre côté, si l’on s’en tient aux positions politiques spécifiques, comme la guerre en Irak ou l’effort visant à démocratiser rapidement le Moyen-Orient, nous avons de réels désaccords. Je ne pense donc pas, finalement, que le terme me convienne.

 

Q : Vous avez écrit récemment sur la possibilité d’une attaque de l’Iran par les États-Unis. Dans ce conflit, l’Europe considère une nouvelle fois les États-Unis comme le principal agresseur potentiel.

 

DP : Les Européens ont le luxe de ne pas avoir à prendre de décisions difficiles.

 

Parce qu’ils savent que les États-Unis seront là pour le faire à leur place, et qu’ils pourront alors critiquer les États-Unis.

 

Je pense que les États-Unis ont commis une erreur en prenant trop de responsabilités depuis la Deuxième Guerre mondiale.

En ce qui concerne les relations avec les Soviets et autres, nous aurions dû dire : tenez, si vous pensez que nous ne faisons pas cela correctement, faites-le vous-mêmes. Si vous n’aimez pas cela, si vous ne voulez pas de missiles Pershing, en 1981-82, très bien – débrouillez-vous avec les Soviets.

 

Et maintenant, c’est la même chose : si vous pensez qu’il est tolérable que l’Iran se dote de missiles, très bien – nous ne vous protégerons pas.

Cela engendrerait plus de réalisme. Mais hélas, nous prenons l’initiative, et d’autres nous critiquent pour cela.

Il serait beaucoup plus constructif de laisser les Européens prendre leurs décisions difficiles eux-mêmes, au lieu de simplement nous critiquer.

 

Nous autres Américains encourageons les Européens à se conduire comme des enfants, qui n’ont aucune décision importante à prendre – nous les prenons pour eux.

Je pense que cela n’est pas sain, ni pour les Européens, ni pour nous.

 

Q : Un resserrement de l’intégration européenne pourrait-il contribuer à faire de l’Europe une union plus mature ?

 

DP : Je pense que l’Union européenne a ses limites.

 

C’est une union utile aux niveaux économique et politique, mais je ne crois pas qu’elle devrait tenter de devenir davantage qu’une fédération, de se transformer en un seul État.

Ce serait une erreur compte tenu de l’histoire de l’Europe. Faire de l’Europe une unité militaire serait également une erreur – je pense que l’OTAN est une bien meilleure voie.

 

Q : Dans quel sens la prochaine élection présidentielle américaine aura-t-elle une grande importance pour le monde ?

 

DP : Barack Obama transformerait la politique du gouvernement américain en une politique européenne. Les États-Unis deviendraient une entité politique à l’européenne, en opposition à ce qu’ils ont été depuis au moins quelques décennies.

 

Nous avons donc un choix très fondamental devant nous – plus fondamental qu’à n’importe quel autre moment depuis 1972, quand [le candidat démocrate] George Mc Govern se présentait, lui aussi, avec une démarche européenne, très à gauche.

 

Sur http://www.ajm.ch/wordpress/  

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