L'alliance occulte des musulmans « modérés » et radicaux

Publié le par Ofek

Jean-Paul de Belmont  -  Primo-Europe
 
 
Comment se sortir d’un piège aussi énorme qu’invisible dans lequel nous nous enfermons tous les jours un peu plus ?
L’écrivain algérien Yasmina Khadra, qui est de sexe masculin comme son prénom ne l’indique pas, était l’invité de Laurent Ruquier sur France 2, en ce samedi 30 septembre 2006, à l’occasion de la sortie de son livre « Les sirènes de Bagdad ».
Cet ex-officier de l’armée algérienne (1) y décrit l’itinéraire d’un jeune Arabe vers le terrorisme après sa confrontation avec la « brutalité » américaine en Irak. Jusque là, rien de bien original.
 
Mais ce qui est intéressant dans son discours, appuyé par l’inévitable président du MRAP, Mouloud Aounit, présent sur le plateau, c’est son extrême modération pourtant au service de la justification du terrorisme qu’il qualifie de « résistance ».
Selon lui, tous les Arabes sont vus par les occidentaux comme des terroristes potentiels.
 
L’islam n’est porteur d’aucune violence, il n’interdit pas l’apostasie puisque aucun verset ne le mentionnerait et les imams ne sont pas, dans leurs pays, les élites redoutables que nous croyons.
L’Occident, en revanche, est porteur de cette « violence » économique envers les pays « pauvres », créant l’humiliation ressentie, terreau du terrorisme.
Autant de propos provoquant l’approbation orgasmique d’Aounit.
 
Quand lui est opposée, par le journaliste Eric Zemmour, la nécessité pour le monde arabe de revoir sa copie en matière de corruption, de despotismes, de répartition des richesses, de libération du savoir et de séparation entre le politique et le religieux, pour accéder à la modernité, Khadra répond : « De quelle modernité parlez-vous ? ».
Faisant mine de croire que c’est de modernité technologique qu’il est question, il escamote ainsi un sujet qui porte bien sur une Renaissance nécessaire à la sortie d’un Moyen-Âge musulman interminable.
 
Yasmina Khadra peut être perçu, à l’issue de cette émission, comme un musulman modéré : visage lisse, vêtements occidentaux, message de paix.
Ses geignements sur la difficile arabitude de ce 21e siècle attireront sur lui, au pire de l’agacement, au mieux l’adhésion et la compassion.
Sauf que…
 
La montée au créneau, régulièrement médiatisée, de ces musulmans « modérés » fait sans doute partie d’un piège redoutable.
Pour eux, les islamistes ne sont pas l’islam mais un avatar fabriqué par l'Occident.
Tout en lui trouvant des justifications, ils rejettent le terrorisme et se désolidarisent de leurs auteurs.
Pour les musulmans intégristes, ces « modérés » ne sont pas de vrais musulmans et sont des traîtres à la botte des nations occidentales.
 
Désarçonnés par ces deux signaux contradictoires, nous ne savons plus que penser de ce monde arabo-musulman et envoyons souvent des réponses confuses ou inadaptées.
 
Les deux catégories, modérés et radicaux, sont, en fait, les deux faces d’une même pièce, les partenaires complémentaires nécessaires au bon fonctionnement d’une mécanique implacable.
Cette dichotomie apparente à l’échelle mondiale doit inspirer la plus grande méfiance.
En miniature, le laboratoire qu’est le Proche-Orient produit régulièrement les résultats pervers de cette opposition de façade.
 
Arafat avait parfaitement compris l’intérêt de la modération du discours.
Elle lui permettait d’accéder à une respectabilité et à la prise en compte de revendications, pourtant farfelues et sans fondement historique, par la communauté internationale.
Dans le même temps, il faisait ce qu’il fallait pour sécréter d’autres organisations qui prenaient le relais de l’action violente.
Cela lui permettait même de disposer de « méchants utiles » à condamner pour paraître, par contraste, bien plus blanc qu’il n’était.
 
En 2006, le même processus est sur le point de se poursuivre avec le Hamas, pourtant intransigeant dans sa charte quant à ses visées éradicatrices d’Israël, grâce à des chancelleries crédules et amnésiques.
De même, nous n’avons pas une analyse suffisamment pertinente de cette alliance de la carpe et du lapin qu’est l’union opportuniste, qui se construit sous nos yeux, entre certaines forces sunnites et chiites.
Celles-ci, de toute évidence, étant donné la haine atavique qu’elles se vouent entre elles, se disent qu’elles s’occuperont de leur problème intestin une fois la « question » judéo-chrétienne réglée.
 
Pour le moment – mais pour combien de temps encore ? -, seul l’Etat hébreu décode correctement cette stratégie.
Dans nos contrées, par peur ou par naïveté, nous continuons à porter au pinacle tous ces musulmans qui nous rassurent et nous permettent d’éloigner de nos esprits le spectre du choc des civilisations. Malheureusement, nous nous trompons de musulmans.
Des musulmans, vrais résistants ceux-là, formant un front du refus face à l’obscurantisme, existent. L’un d’eux est d’ailleurs vice-président de Primo Europe. Il a certes un gros défaut : il est laïc et probablement agnostique. Mais il est incontestablement de culture musulmane. De cette culture avec laquelle nous rêvons d’enrichir la nôtre. Mais pas avant qu’elle ne se débarrasse de ses oripeaux médiévaux et obscurantistes.
 
Si des musulmans se reconnaissent dans cette aspiration, qu’ils se fassent connaître, qu’ils nous écrivent, et qu’ils constituent, ensemble, l’armée pacifique qui renversera les imposteurs qui nous/les manipulent en nous faisant croire que ce sont eux les modérés alors qu’ils sont les complices objectifs et sans doute conscients des égorgeurs de Daniel Pearl, Nick Berg et tant d’autres victimes.
 
(1) Il semble qu’il soit encore au service de cette armée dont il nie farouchement toute implication dans les massacres de villageois algériens.
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