Réaction de l'UCCJ Ile de France aux déclarations scandaleuses de Abraham BURG ancien président du Parlement Israélien KNESSET

Publié le par Ofek

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UNION DES CONSEILS DES COMMUNAUTES JUIVES DE L’ILE DE FRANCE 
Le Président Sammy GHOZLAN 

COMMUNIQUE DE PRESSE -  PARIS LE 11 JUIN 2007

L'union des Conseils des Communautés Juives de l'Ile de France dénonce et condamne les propos et les théories inadmissibles de M. Abraham Burg, ancien président du Parlement Israélien et ancien Président de l'Agence Juive, qui attaque son propre pays en reprenant les arguties des antijuifs,et anti-israéliens notoires, prône et annonce la liquidation de l'Etat juif.
 
Nous considérons que ce type d'attitude ne peut qu'encourager les ennemis de cet Etat, comme le président iranien, le Hamas et le Hezbollah, qui appellent, en d'autres termes (d'un antijudaïsme primaire) à l'éradication d'Israel et s'y préparent.
 
Les déclarations de Abraham Burg mettent Israël et les Juifs en grand danger.
Nous rappelons que lors de sa visite en France, cet ancien président de la Knesset avait provoqué un incident en déclarant aux dirigeants de la communauté juive de France qu'ils n'avaient pas à se plaindre de l'antisémitisme en comparaison avec le racisme que les israéliens font subir aux arabes.
 
M. Sammy Ghozlan, président du Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme, avait alors fustigé Abraham Burg avant de quitter l'assemblée.
 
Constatant que la société israélienne se mortifie, s'autoflagelle, affaiblit son armée de défense, souffre d'un leadership défaillant et suspecté de corruption, l'Union des CCJ Ile de France s'interroge sur les conséquences néfastes que risquent d'exercer ces dérèglements étatiques et ces discours de haine de soi,notamment sur l'alyah des Juifs français mal à l’aise qui idéalisent Israël.
 
Nous considérons que l'arrivée en France de M. Burg, qui vient d'acquérir la nationalité française, constitue un danger pour notre communauté qu’il déshonore.
  
« Quitter le ghetto sioniste ».
 
Interview d’Avraham Burg, par Ari Shavit dans le Haaretz
 
- Avrum Burg, j’ai lu votre nouveau livre, "Vaincre Hitler", comme une séparation d’avec le sionisme. Ai-je tort ? Êtes-vous encore sioniste ?
« Je suis un être humain, je suis un Juif et je suis un Israélien. Le sionisme a été l’instrument qui m’a fait passer de la condition juive à la condition israélienne. Je crois que c’est Ben-Gourion qui a dit : le mouvement sioniste est l’échafaudage utilisé pour la construction d’une maison, après la création de l’Etat sioniste, il devra être démonté. »
 
- Alors, vous confirmez que vous n’êtes plus sioniste ?
« Déjà, lors du Premier Congrès sioniste, le sionisme de Herzl triompha du sionisme de Ahad Ha’am. Je crois que le XXIe siècle devrait être le siècle de Ahad Ha’Am. Nous devons mettre Herzl au rancart et aller à Ahad Ha’Am. »
 
- Cela veut-il dire que vous ne considérez plus la notion d’Etat juif comme acceptable ?
« Elle ne peut plus marcher. Définir l’Etat d’Israël comme un Etat juif, c’est la clé de sa fin. Un Etat juif ; c’est de l’explosif. C’est de la dynamite. »
 
- Et un Etat juif démocratique ?
« Les gens trouvent cela très commode. C’est splendide. C’est hyper-sentimental. C’est nostalgique. C’est rétro. Cela donne un sentiment de plénitude. Mais la 'judéo-démocratie', c’est de la nitoglycérine. »
 
- Nous devons changer notre hymne national ?
 « L’hymne est un symbole. Je serais prêt à acheter des parts d’une réalité dans laquelle tout est beau et où l’hymne seul est bousillé. »
 
- Devons-nous amender la Loi du Retour ?
« Nous devons entamer la discussion. La Loi du Retour est une loi apologétique. Elle est l’image inversée d’Hitler. Je ne veux pas qu’Hitler définisse mon identité. »
 
- L’Agence Juive doit-elle être dissoute ?
« Dans le passé, quand j’étais président de l’Agence Juive, j’ai suggéré de changer son nom d’Agence Juive pour la Terre d’Israël, en celui d’Agence Juive pour la Société israélienne. Il y a place pour des moyens philanthropiques. Mais au centre de son expérience, elle doit s’occuper de tous les citoyens d’Israël, y compris des Arabes. »
 
- Vous écrivez dans votre livre que, si le sionisme est un sionisme catastrophique, alors vous ne serez plus seulement post-sioniste, mais antisioniste. Et j’observe que, depuis les années 1940, l’élément catastrophique a été inséparable du sionisme. Il s’ensuit que vous êtes antisioniste.
« Ahad ha’Am a accusé Herzl de ce que son sionisme avait sa source dans l’antisémitisme. Il envisageait autre chose : Israël comme centre spirituel. La ligne de Ahad Ha’Am n’est pas morte, et son temps est venu à présent. Notre sionisme en conflit avec le monde est désastreux. »
 
- Mais il ne s’agit pas seulement de la question sioniste. Votre livre est anti-israélien, au sens le plus profond du terme. C’est un livre duquel émane un dégoût de l’israélité.
« Quand j’étais enfant, j’étais un Juif, ou, dans le langage qui prévalait alors : un garçon juif. Je fréquentais un heder [école juive]. J’étais éduqué par des anciens étudiants de yeshiva. Par la suite, durant la majeure partie de ma vie, j’ai été un Israélien. Le langage, les signes, les goûts, les lieux. Tout. Aujourd’hui, cela ne me suffit pas. Dans ma situation présente, je suis au-delà de l’Israélien. Des trois identités qui me composent – humaine, juive, et israélienne -, je perçois que l’élément israélien dépossède les deux autres. »
 
- Face à cela, votre attitude est conciliatrice et humaniste. Mais, outre cette approche, vous développez une attitude très dure à l’égard de l’israélité et des Israéliens. Vous dites des choses terribles à notre propos.
« Je pense que j’ai écrit un livre d’amour. L’amour fait mal. Si j’écrivais sur le Nicaragua, cela me serait égal. Mais je viens d’un lieu de terrible souffrance. Je vois mon amour se flétrir sous mes yeux. Je vois ma société et l’endroit où j’ai été élevé, et mon foyer, en cours de destruction. »
 
- Amour ? Vous écrivez que les Israéliens ne comprennent que la force. Si quelqu’un s’aventurait à écrire que les Arabes ne comprennent que la force, ou que les Turcs ne comprennent que la force, il serait immédiatement condamné comme raciste. Et à juste titre.
« Vous ne pouvez pas prendre une phrase et faire comme si c'est tout le livre. »
 
- Ce n’est pas seulement une phrase. C’est répété. Vous dites que nous avons de la force, énormément de force, et seulement de la force. Vous dites qu’Israël est un ghetto sioniste, un lieu d’impérialisme et de brutalité, un pays qui ne croit qu’en lui-même.
« Voyez la Guerre du Liban. Les gens sont revenus du champ de bataille. Il y a eu des réussites, il y a eu des échecs, des choses ont été révélées. Et vous voudriez que la majorité de la population, et même la droite, comprennent que, quand Tsahal a la permission [politique] de gagner, il ne gagne pas. Que la force n’est pas une solution. Ensuite, ç’a été Gaza, et qu’a-t-on dit-on à propos de Gaza ? On va les démolir, on va les éliminer. Rien ne s’est clarifié. Rien. Et ce n’est pas seulement une affaire entre deux nations. Regardez les relations entre les gens. Ecoutez les conversations privées. La courbe de la violence sur les routes, les récits des femmes battues. Regardez l’image d’Israël que renvoie le miroir. »
 
- Ce que vous dites est que le problème ne se limite pas seulement à l’occupation. A vos yeux, Israël, de manière générale, est une horrible mutation.
« L’occupation est une toute petite partie du problème. Israël est une société apeurée. Pour chercher la source de l’obsession de la force et l’éradiquer, il faut s’occuper des peurs. Et la méta-peur, la peur primordiale, ce sont les six millions de Juifs qui ont péri dans l’Holocauste. »
 
- C’est la thèse du livre. Vous n’êtes pas le premier à la proposer, mais vous la formulez de manière très intense. Nous sommes des estropiés psychiques, prétendez-vous. Nous sommes saisis par la terreur et la peur, et nous recourons à la force parce que Hitler nous a causé un profond dommage psychique.
« Oui. »
 
- Eh bien, je vous rétorque que votre description est faussée. Ce n’est pas comme si nous vivions en Islande, tout en imaginant que nous sommes environnés de nazis qui, en réalité, ont disparu il y a soixante ans. Nous sommes environnés de véritables menaces. Nous sommes l’un des pays les plus menacés au monde.
« Le véritable désaccord israélien, aujourd’hui, est entre ceux qui croient et ceux qui ont peur. La grande victoire de la droite israélienne dans le combat pour gagner l’âme politique israélienne réside dans la manière dont elle l’a presque totalement imprégnée d’une paranoïa sans limites. Je reconnais qu’il y a des difficultés. Mais sont-elles absolues ? Tout ennemi est-il Auschwitz ? Le Hamas est-il un fléau ? »
 
- Vous êtes arrogant et dédaigneux, Avrum. Vous n’avez pas la moindre empathie envers les Israéliens. Vous traitez le Juif israélien de paranoïde. Mais tandis que le cliché marche, quelques paranoïdes sont réellement persécutés. Pendant que nous parlons, Ahmadinejad affirme que nos jours sont comptés. Il promet de nous éradiquer. Certes, il n’est pas Hitler, mais il n’est pas un mirage non plus. Il constitue une vraie menace. Il est le monde réel, un monde que vous voulez ignorer.
« Je dis que, comme vont les choses en ce moment, Israël est en état de choc dans presque toutes ses dimensions constitutives. Et ce n’est pas seulement un problème théorique. Notre capacité à faire face à l’Iran ne serait-elle pas meilleure si nous renouions, en Israël, avec la capacité de faire confiance au monde ? Ne serait-il pas plus juste que nous ne traitions pas ce problème pour notre propre compte, mais plutôt comme une partie d’un consensus mondial qui commence avec les églises chrétiennes, et englobe les gouvernements et jusqu'aux armées ? Au lieu de cela, nous disons que nous ne faisons pas confiance au monde, qu’on nous abandonnera, que Chamberlain revient de Munich avec son parapluie noir, et que nous bombarderons l’Iran tout seuls. »
 
- Dans votre livre, nous ne sommes pas seulement victimes des nazis. Dans votre livre, nous sommes presque des judéo-nazis. Certes, vous êtes prudent. Vous ne dites pas explicitement qu’Israël est l’Allemagne nazie. Mais vous en êtes très près. Vous dites qu’Israël est l’Allemagne pré-nazie. Israël est l’Allemagne en passe d’être nazie.
« Oui. J’ai commencé ce livre par le point le plus triste. Comme en deuil, mais pour la perte d’Israël. Durant la majeure partie de la rédaction du livre, son titre était "Hitler a gagné". J’étais sûr que c’en était fini d’Israël. Mais, lentement, j’ai découvert la strate du "tout n’est pas perdu". Et j'ai découvert mon père en tant que représentant d’une Communauté juive allemande en avance sur son temps. Ces deux thèmes ont nourri le livre du début jusqu’à la fin. Finalement, je suis un optimiste, et la fin du livre est optimiste aussi. »
 
- La fin est peut-être optimiste, mais, d’un bout à l’autre de sa narration, il revient sans cesse sur le fait qu’Israël équivaut à l’Allemagne. Est-ce vraiment justifié ? Y a-t-il un fondement suffisant pour l’analogie entre Israël et l’Allemagne ?
« Il ne s’agit pas de science exacte, mais je vais vous énumérer quelques-uns des éléments qui nous mettent dans le pétrin : un profond sentiment d’offense nationale ; une conviction que le monde nous a rejetés ; des pertes inexplicables dans les guerres. Et comme résultat, la centralité du militarisme dans notre identité. La place des officiers de réserve dans notre société. Le nombre de soldats armés dans nos rues - Où va cette meute de gens armés ? Les expressions lancées publiquement : "Les Arabes dehors !" »
 
- Ce que vous prétendez, en fait, c’est que nous portons en nous le virus du nazisme.
« Le terme 'nazisme' est très passionnel. »
 
- Avrum Burg écrit dans son nouveau livre : « Il m’est parfois difficile de distinguer entre le national-socialisme primitif et certaines doctrines nationales culturelles du "ici et tout de suite" ».
« Il y a une différence entre dire 'nazi' et dire 'national-socialiste'. Nazi est un symbole excessif, chez nous, il atteint des dimensions aiguës et extrêmes. »
 
- Soit, laissons le nazisme. Êtes-vous préoccupé par une catastrophe fasciste en Israël ?
« Je pense qu’elle est déjà là. »
 
- Croyez-vous vraiment que les slogans racistes qui, de manière choquante, apparaissent, en effet, sur les murs de pierre de Jérusalem, s’apparentent aux slogans des années 1930 en Allemagne ?
« Je vois que nous n’extirpons pas ces expressions de toutes nos forces. Et j’entends des voix venant de Sdérot… Nous détruirons et nous expulserons. Et il y a des tonalités de transfert [ou 'déportation'] dans les propos du gouvernement… Nous avons franchi tant de lignes rouges durant les quelques années passées. Alors, vous vous demandez quelles seront les prochaines lignes rouges que nous franchirons. »
 
- Dans votre livre vous faites les questions et les réponses. Par exemple, vous écrivez : « Je sens très fort  qu’il y a pas mal de chances qu’une future Knesset d’Israël… interdise les relations sexuelles avec des Arabes, recourre à des mesures administratives pour empêcher les Arabes d’employer des Juifs, des femmes et des ouvriers juifs, à des tâches de nettoyage… comme les Lois de Nuremberg… Tout cela se produira, et cela se produit déjà. » N’êtes-vous pas allé trop loin, Avrum ?
« Quand j’étais président de la Knesset, j’entendais ce que disaient les gens. J’ai eu des entretiens approfondis avec des membres du Parlement de toutes tendances. J’ai entendu des partisans de la paix dire : Je veux la paix parce que je hais les Arabes et que je ne peux continuer à les voir et parce que je ne peux pas les supporter. Et j’ai entendu des membres de la droite tenir des propos kahanistes [2]. Le kahanisme [par référence à la doctrine ultra-nationaliste du rabbin Meir Kahane] est présent à la Knesset. Il a été interdit en tant que parti, mais il constitue 10, et peut-être 15, voire 20% des propos juifs à la Knesset. Ces choses sont loin d’être simples. Ce sont des eaux troubles. »
 
- Je vais vous parler franchement. Je crois que vous avez de graves problèmes moraux et psychologiques. Mais je pense que la comparaison avec l’Allemagne à la veille de l’accession du nazisme au pouvoir, est sans fondement. Un exemple : Il y a un problème avec la place de l’armée dans nos vies, et avec le rôle des généraux dans notre politique, et avec les relations entre les échelons politique et militaire. Mais vous assimilez le militarisme israélien au militarisme allemand, et c’est une fausse comparaison. Vous décrivez Israël comme une Sparte prussienne vivant à la pointe de l’épée, et ce n’est pas l’Israël que je vois. Sûrement pas en 2007.
« J’envie votre aptitude à lire la situation de cette manière. Je vous envie beaucoup. Mais je pense que nous sommes une société qui, dans sa tête, vit par l’épée… Ce n’est pas fortuitement que je fais la comparaison avec l’Allemagne, parce que notre sentiment d’être obligés de vivre à la pointe de l’épée provient de l'Allemagne. Ce dont ils nous ont privés durant les 12 années de nazisme nécessite une très grande épée. Voyez la barrière. La barrière de séparation est une barrière contre la paranoïa. Et elle est née dans mon milieu. Dans mon école de pensée, avec mon Haïm Ramon. Quelle est l’idée sous-jacente à cela ? Que je construirai un grand mur et que le problème sera résolu, parce que je ne les vois plus [les Palestiniens]. Vous savez, le parti travailliste a toujours vu le contexte historique et constitué une culture de dialogue, mais ici, nous avons une terrible étroitesse d’esprit. La barrière délimite physiquement la fin de l’Europe. Elle dit que c’est ici que finit l’Europe. Elle dit que vous êtes le bastion avancé de l’Europe et que la barrière vous sépare des barbares. Comme le mur romain [3]. Comme la Muraille de Chine. Mais c’est extrêmement pathétique. Et c’est un acte de divorce d’avec la vision de l’intégration. Il y a quelque chose de très xénophobe dans ce processus. D’extrêmement fou. Et cela se produit précisément à une époque où l’Europe elle-même, et le monde avec elle, a progressé de manière extrêmement impressionnante en intégrant les leçons de l’Holocauste, et a provoqué une avancée majeure dans le comportement normatif des nations. »
 
- La vérité, c’est que vous êtes un européiste notoire. Vous vivez à Nataf, mais vous êtes entièrement de Bruxelles [en tant que siège du Parlement européen]. Le prophète de Bruxelles.
« Tout à fait. Tout à fait. Je considère l’Union européenne comme une utopie biblique. Je ne sais pas combien de temps cela tiendra, mais c’est stupéfiant. C’est entièrement juif. »
 
- Et cette admiration que vous exprimez envers l’Europe n’est pas accidentelle, parce que l’un des points fascinants de votre livre, c’est que le sabra [4] Avrum Burg tourne le dos à son identité de sabra et se rallie très profondément à une sorte de romantisme yekke [allusion aux Juifs d’origine allemande, ainsi surnommés]. L’Israël sioniste donne, dans votre livre, l’impression d’être un vulgaire baron, tandis que la Communauté Juive allemande est l’idéal et le comble de la perfection.
« Vous faites dans la dichotomie, Ari, alors que moi, je fais dans l’inclusion. Vous découpez, alors que je m’efforce de maintenir les choses ensemble. Par conséquent je ne dis pas que je tourne le dos à mon existence de sabra, mais que je prends une autre direction. Et c’est vrai. Totalement vrai. »
 
- Je suis en désaccord avec de ce romantisme. Vous décrivez un millier d’années idylliques de la Communauté Juive allemande. Dans une large mesure, vous considérez cette Communauté comme un modèle. Mais elle finit à Auschwitz, Avrum. Elle mène à Auschwitz. Votre romantisme yekke est compréhensible et séduisant. Mais c’est un mensonge.
« Existe-t-il un romantisme bien fondé ? Votre romantisme israélien est-il fondé ?
 
- Mon israélité n’est pas romantique. Elle est cruelle, au contraire. Elle provient d’une compréhension de la nécessité. Et vous brouillez la nécessité. Au plan émotionnel, vous préférez passer de Dresde à Manhattan, plutôt que de faire face au destin juif israélien.
« Nous refusons d’accepter cela, mais l’existence de la diaspora date des débuts de notre histoire. Abraham découvre Dieu en dehors des frontières de la Terre [sainte] Jacob conduit les tribus au-delà des frontières. Les tribus deviennent un peuple au-delà des frontières. La Torah est donnée à l’extérieur des frontières. En tant qu’Israéliens et sionistes nous avons complètement négligé cela. Nous avons rejeté la Diaspora. Mais je maintiens que, exactement comme il y a eu quelque chose d’étonnant concernant la Communauté Juive allemande, en Amérique également, ils [les Juifs de la Dispersion] ont aussi créé le potentiel pour quelque chose d’étonnant. Ils ont créé une situation dans laquelle le goy [non-Juif] peut être mon père et ma mère, mon fils et mon partenaire. Le goy n’est pas hostile, mais cordial. Conséquence : ce qui en ressort, c’est une expérience juive d’intégration, et non de séparation. Non de ségrégation. J’estime que tout cela manque ici. Ici, le goy est ce qu’il était dans le ghetto [5]: agressif et hostile. »
 
- Il y a réellement en vous une forme profonde d’antisionisme. Au plan émotionnel, vous êtes en prise avec le judaïsme allemand et américain. Ils vous stimulent, vous émeuvent, et, en comparaison, l’option sioniste vous apparaît comme grossière et spirituellement pitoyable. Elle ne dilate ni le cœur ni l’âme.
- Oui, oui. La réalité israélienne n’est pas stimulante. Les gens ne veulent pas l’admettre, mais Israël se heurte à un mur. Demandez à vos amis s’ils sont certains que leurs enfants vivront ici. Combien diront que oui ? Tout au plus 50 pour cent. En d'autres termes, l'élite israélienne s'est déjà séparée de cet endroit. Et sans élite, il n'y a pas de nation."
 
- Vous dites que nous étouffons, ici, faute d’esprit.
« Absolument. Nous sommes déjà morts. Nous n'en avons pas encore été informés, mais nous sommes morts. Cela ne marche plus. Cela ne marche pas. »
 
- Et vous voyez dans la Communauté Juive américaine la dimension spirituelle et le ferment culturel que vous ne trouvez pas ici.
« Assurément. Il n’y a pas d’écrits marquants en Israël. Il y a une importante littérature juive aux Etats-Unis. Ici, il n’y a personne à qui parler. Je n’éprouve aucun sentiment d’appartenance à la communauté religieuse dont j’ai fait partie. Et je n’appartiens pas non plus à la communauté laïque. Je n’y ai pas d’interlocuteur. Je suis assis avec vous, et vous ne me comprenez pas davantage. Vous êtes enfermé dans un extrémisme national chauvin. »
 
- C’est totalement faux. Je suis au courant de la richesse juive dont vous parlez. Mais je suis également conscient de ce que l’analyse sioniste fondamentale était correcte. Sans Israël, il n’y a pas d’avenir pour une civilisation juive non orthodoxe.
« Prenez la plus pure israélité qui existe – Moshe Dayan, par exemple – et dépouillez-le de tous les Avrums. Vous aurez une israélité entièrement immaculée. Pas d’entêtés [6]. Pas de mollassons. Rien. Êtes-vous sûr que ce modèle de vivre-pour-vivre durera ? Prenez, par contre, les "électrons libres" [7] : Martin Buber, George Steiner. Vous dites que ces électrons libres [éthérés] ne mèneront nulle part. Mais mon expérience historique me dit que ces électrons libres iront plus loin que des soldats de cavalerie. »
 
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