Chronique d’une victoire prématurée

Publié le par Ofek

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Sans commentaire, l’essentiel des dépêches sur 4 jours à propos des combats autour du camp palestinien de Nahr el-Bared.
Les journalistes ont l'interdiction formelle de se rendre sur place, ce qui simplifie la vie de l'armée libanaise.
Cela allège également le travail des journalistes qui n’ont plus qu’à reprendre les déclarations officielles en les agrémentant ça et là d’un décompte des victimes officiellement dénombrées par les mêmes autorités, les jours précédents.
 
Cela ne vous rappelle rien ? L’offensive d’une armée sur un camp de réfugiés au sein duquel des stocks d’armes considérables avaient permis à des « activistes » de bombarder des populations civiles ? Les journalistes avaient, bien entendu, l’interdiction formelle de se rendre sur les lieux... Allez, un effort ! Eh oui : Jénine !
 
Mais quelle est la – ou plutôt quelles sont les - différences entre Jénine et Nahr el-Bared ?
 
Pas dans les actes de terrorisme qui ont motivé l’opération armée.
Mais cette opération armée, justement : l’armée libanaise bombarde, pilonne, arrose, mitraille indistinctement tout ce qui bouge dans le camp, combattants ou civils, hommes ou femmes et enfants... là où l’armée israélienne recourait à la seule infanterie pour éviter, autant que faire se pouvait, de faire payer aux civils les actes des terroristes.
Pas de bombardement à Jénine, pas de survol d’aviation, pas de mitraillage, mais du « porte à porte » et 23 soldats tués pour 52 terroristes éliminés.
 
Les journalistes, qui sont extrêmement respectueux de la parole officielle en relatant les combats de Nahr el-Bared, ont dû être très impressionnés par la retenue de Tsahal en 2002. Il faudrait expliquer au public les fondamentaux de tout « reporter de guerre » français qui se respecte (et qui veut se voir publié) :
 
1 - La parole de tout Israélien, sauf s’il souhaite la disparition de son Etat, jamais ne croiras.
2 -
La parole de tout Palestinien, même s’il pleure un mort qui marche à côté de son cercueil, intégralement tu retranscriras.
3 - Le monde tu diviseras entre ceux qui laissent travailler les journalistes et ceux qui les menacent. Les premiers critiqueras, aux seconds obéiras.
 
Dont acte :
 
Jénine, 2002, un camp palestinien d’où étaient partis les terroristes qui avaient fait plus de cent morts civils et des centaines d’infirmes.
Bilan de l’opération Rempart : 52 morts palestiniens, 23 morts israéliens.
A la Une de presque tous les journaux français, avant que les journalistes aient accès au camp : « le massacre de Jénine », « Jeningrad », « Jénine, c’est pire qu’Auschwitz », « Jénine, le génocide »...
 
Pour mémoire : en titre, les estimations des Palestiniens, en paragraphe 3, « l’armée a affirmé que 23 soldats avaient été tués ».
L’armée affirme, on n’y croit pas. Les Palestiniens disent, on relate car c’est « vraisemblablement » leur version qui est la bonne.
 
JERUSALEM (AFP) - Vendredi 12/04/2002 - Plusieurs centaines de Palestiniens ont apparemment été tués par l'armée israélienne lors des combats dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
 
« Il est très vraisemblable que plusieurs centaines de Palestiniens ont été tués dans les combats, mais il ne faut pas croire aux allégations palestiniennes selon lesquelles il s'agit d'un massacre », a déclaré vendredi, à la radio militaire, le porte-parole de l'armée, le général Ron Kitrey, sans donner de chiffre précis.
« Il y a eu des combats très acharnés, comme le montre l'étendue des pertes israéliennes », a-t-il indiqué, par ailleurs, dans une interview à la radio publique.
 
L'armée a affirmé que vingt-trois soldats avaient été tués lors de l'assaut du camp, dont treize mardi dans une embuscade. Jusqu'à maintenant, elle parlait de plus d'une centaine de morts dans le camp, alors que les Palestiniens ont avancé le chiffre de plus de cinq cents des leurs tués dans l'offensive israélienne pour l'ensemble de la Cisjordanie.
 
Pour sa part, le ministre palestinien de l'Information, Yasser Abed Rabbo, avait indiqué que certaines informations faisaient état d'une centaine de Palestiniens tués dans le camp de Jénine durant la seule journée du 6 avril.
 
Le général Kitrey a en outre accusé les hôpitaux palestiniens d'avoir refusé d'emmener les corps pour les enterrer. Les Palestiniens affirment que l'armée empêche les ambulances de circuler dans le camp, ce que Tsahal dément.
 
La ville de Jénine a été occupée à partir du 3 avril, mais l'armée a mis cinq jours avant de pénétrer dans le camp de réfugiés du même nom, où des combats sanglants ont eu lieu.
 
Aujourd’hui, il s’agit des mêmes Palestiniens, mais d’une armée différente. La tonalité des articles est strictement opposée.
Les journalistes auraient-ils pris des cours de rigueur pendant ces cinq ans ? Si l’on en juge par les dépêches suivantes, ce n’est pas certain...
 
Au passage, relevons que le ministre libanais parle de « terroriste » là ou les agence de presse parlent d'activistes. Bizarrerie sémantique !
 
Jeudi 21 juin 2007, 22h45 : Liban: fin des opérations de l'armée autour du camp de Nahr al-Bared
 
BEYROUTH (AFP) - Les opérations de l'armée libanaise autour du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared « sont terminées » mais le camp restera encerclé « jusqu'à la reddition » des islamistes du Fatah al-Islam, a déclaré jeudi soir le ministre de la Défense, Elias Murr.
« Les opérations militaires dans le camp de Nahr al-Bared sont terminées, mais le camp restera encerclé jusqu'à la reddition totale du Fatah al-Islam », a affirmé le ministre.
 
Jeudi 21 juin 2007, 23h59 : Beyrouth proclame sa victoire sur le Fatah al-Islam
BEYROUTH (AP)
– Le ministre libanais de la Défense Elias Murr a annoncé jeudi que l'offensive contre les activistes du Fatah al-Islam retranchés depuis un mois dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared était terminée.
« L'armée libanaise a écrasé ces terroristes », a-t-il déclaré lors d'un entretien télévisé.
"Je peux annoncer aux Libanais que l'opération militaire est achevée", s'est félicité Elias Murr.
L'armée « a détruit toutes les positions du Fatah al-Islam », a-t-il assuré sur une chaîne privée.
« Ce qui va se passer maintenant, c'est du nettoyage (...) et le désamorçage de mines ».
 
Vendredi 22 juin 2007, 10h21 - Retour au calme au Liban après 33 jours de combats
NAHR AL BARED, Liban (Reuters)
- Un calme précaire s'est installé vendredi dans le camp palestinien de Nahr al Bahred, dans le nord du Liban, après la proclamation d'une trêve entre l'armée et les combattants du Fatah al Islam à l'issue de 33 jours combats qui ont fait 172 victimes

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De la fumée s'élevait toujours au-dessus de bâtiments détruits par des bombardements à l'une des entrées du camp, mais après la levée du jour, seuls quelques explosions et tirs d'artillerie sont venus rompre le silence.
 
Vendredi 22 juin 2007, 19h01: Liban: la bataille de Nahr el-Bared n'est pas encore terminée
BEYROUTH (AP) - Des coups de feu sporadiques et quelques explosions ont retenti vendredi à Nahr el-Bared, dans le nord du Liban, où les combats se poursuivaient, au lendemain de l'annonce de la victoire de l'armée sur les militants du Fatah al-Islam, retranchés dans ce camp de réfugiés palestiniens depuis un mois.
Jeudi, le ministre de la Défense Elias Murr avait annoncé la fin de « l'opération militaire », tandis que le cheikh Mohammed Haj, qui a fait office de médiateur dans cette bataille, faisait état d'un cessez-le-feu du Fatah al-Islam. Dans le même temps, le calme regagnait le camp.

Aucun militant islamiste ne semble pourtant s'être rendu vendredi, alors qu'on apercevait, dès le matin, deux colonnes de fumée s'élever au-dessus du camp.
Toute la journée, des rafales de mitrailleuse et des explosions d'obus de mortier tirés par l'armée libanaise ont été entendues dans le secteur.
 
Vendredi 22 juin 2007, 15h59 – Liban : violents accrochages autour de Nahr al-Bared malgré la fin annoncée des opérations
NAHR AL-BARED (AFP) - Des violents accrochages ont éclaté vendredi autour du camp palestinien de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban, malgré l'annonce la veille par le ministre de la Défense de la fin des opérations militaires contre les islamistes du Fatah al-Islam.
Ces accrochages ont opposé dans l'après-midi, l'armée qui tire au canon de char, au mortier et à la mitrailleuse lourde contre des islamistes du Fatah al-Islam qui se sont repliés dans la partie sud du camp après avoir perdu leurs positions dans la partie la plus récente du camp, située dans le nord, selon un journaliste de l'AFP.
 
Samedi 23 juin 2007, 11h08 : l'armée libanaise bombarde à nouveau Nahr al Bared

NAHR AL BARED, Liban (Reuters) - Les forces libanaises ont bombardé le camp palestinien de Nahr al Bared après que des tireurs isolés du Fatah al Islam ont tué un soldat et en ont blessé trois autres.
Ce décès dans les rangs de l'armée est le premier depuis que celle-ci a clamé jeudi victoire sur les activistes islamistes retranchés dans le camp palestinien.

Des obus de 155 mm se sont abattus samedi dans le centre du camp, où s'étaient repliés les combattants du Fatah al Islam. Ces derniers ont répliqué à la grenade et par des tirs d'armes légères, a-t-on indiqué de source proche de la sécurité.
 
Samedi 23 juin 2007, 19h58 : une bombe explose à Nahr el-Bared; trois soldats libanais tués
BEYROUTH (AP) - Trois soldats libanais ont été tués et un quatrième blessé grièvement samedi dans l'explosion d'une bombe dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared, dans le nord du Liban, selon un haut responsable militaire.

Selon ce responsable qui a requis l'anonymat, la déflagration s'est produite alors que les militaires tentaient de désamorcer des bombes et des mines antipersonnel dans le camp.
Puis il est question de l'extension des combats hors du camp.
 
Dimanche 24 juin 2007, 11h17 – Liban : Tripoli à nouveau théâtre de combats entre l'armée et les islamistes
TRIPOLI (AFP) - Des accrochages nocturnes entre soldats et islamistes ont fait dix morts dimanche à Tripoli, capitale du Liban nord, voisine du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared où le face-à-face entre l'armée et les combattants du Fatah al-Islam se poursuit depuis cinq semaines.
 
Dix personnes, dont six islamistes, un soldat, un policier et deux civils, ont été tuées dans des combats qui ont opposé dans la nuit de samedi à dimanche la troupe à des jihadistes à Tripoli, selon le porte-parole de l'armée.
 
Fin de la chronique prématurée


 
 

Publié dans Liban - Hezbollah

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