PSG - Et s'il n'y avait eu personne jeudi soir ?

Publié le par Ofek

Benjamin Abtan- Président de l'Union des étudiants juifs de France - Liberation.fr
 
Face à la violence des supporteurs du PSG, c'est le courage d'un policier qui a permis à la France d'échapper à un lynchage antisémite.
Que ce serait-il passé, le jeudi 23 novembre au soir, à l'issue du match Paris-Saint-Germain-Hapoël Tel-Aviv, place de la Porte de Saint Cloud, vers 23 heures, s'il n'y avait eu personne pour sauver Yanniv Hazout ?
 
A n'en pas douter, la horde antisémite de supporteurs du Paris-SG aurait continué à poursuivre Yanniv Hazout, identifié comme juif car portant les couleurs d'une équipe israélienne, et se serait jetée sur lui en hurlant les « Mort aux Juifs ! » entendus alors.
 
Abreuvés de leur propre haine et le bras encore dégourdi par les saluts nazis qu'ils brandissaient quelques minutes auparavant dans le stade, comme lors de chaque rencontre, ils s'en seraient donné à coeur joie.
 
Face à cette scène de pogrom, les CRS effrayés ne seraient pas intervenus, ou trop tard comme jeudi soir : « Pas assez nombreux, on reste en position de repli », alors que les pogromistes étaient sur le point de passer à l'acte.
Des passants tétanisés auraient assisté à la scène sans rien faire.
D'autres seraient sortis des bouches du métro pour participer au lynchage, comme ils le firent jeudi soir.
Finalement, la foule se serait dispersée en scandant « Le Pen président ! », comme jeudi, laissant sur le pavé parisien un jeune homme en sang, agonisant, mort.
Imaginons, s'il n'y avait eu personne, les jours d'après.
 
Dès l'annonce de la nouvelle et pour ménager ses supporteurs fascistes, le PSG publie sur son site Internet un communiqué aussi complice que celui de vendredi, exprimant sa tristesse devant l'arrestation et la garde à vue de nombre d'entre eux, et appelant toutes les personnes concernées par ce drame à garder leur calme.
La communauté juive, en état de choc, exprime sa vive émotion. On dit qu'elle est communautariste.
 
Une manifestation a lieu. Indignés, l'ensemble de nos dirigeants politiques, qui criaient si fort « Plus jamais ça ! » après le meurtre sauvage d'Ilan Halimi en février dernier, descendent dans la rue. La tension médiatique est à son apogée.
Dans telle ou telle association antiraciste ou de défense des droits de l'homme, dans telle ou telle rédaction, un grand débat fait rage, comme après la mort d'Ilan : est-ce vraiment de l'antisémitisme ?
 
En effet, si Yanniv Hazout n'avait pas porté les couleurs de l'équipe adverse du PSG, aurait-il été poursuivi aux cris de « Mort aux Juifs » ?
S'il n'avait pas soutenu une équipe israélienne, donc juive, donc antifrançaise, aurait-il été aussi sauvagement passé à tabac ?
 
Cette violence n'est-elle pas, en définitive, le lot de toutes les rencontres sportives ?
Parler d'antisémitisme, encore une fois, de la part de la communauté juive, n'est-ce pas alimenter le feu du communautarisme et jouer la concurrence victimaire ? Etc.
 
Heureusement, dans notre France en 2006, il s'est encore trouvé un homme qui n'a pas eu peur, ou plutôt qui a eu peur mais qui n'y a pas cédé.
Ce policier héroïque, Antoine Granomort, n'a eu d'autre choix, pour éviter lui aussi d'être mis en pièces aux cris de « sale Nègre ! », que de brandir son arme.
Il était malheureusement trop tard, alors, pour éduquer au vivre ensemble ou combattre le racisme par les mots. Il a été obligé de faire feu, tuant un pogromiste.
 
Il a fallu que cet homme rentre courageusement dans la bataille pour, au péril de sa vie et sous les insultes antisémites et racistes, sauver Yanniv Hazout du lynchage ; la police de la honte ; nous de ce cauchemar et la France de la barbarie qui l'aurait emportée de nouveau s'il n'avait pas été là, s'il n'y avait eu personne, jeudi soir, place de la Porte de Saint Cloud.
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